«L’essentiel» : Vous avez déclaré que ce disque est le plus important pour vous. Pourquoi?

Ayo: Disons que ces dernières années, j’ai connu des moments très durs. J’ai même pensé à arrêter la musique. Mais finalement, la passion a repris le dessus. C’était surtout important de produire ce disque moi-même. Je me devais de grandir en tant qu’artiste.

À l’écoute de «Real Love», il est évident que la maternité vous a inspiré…

Tout à fait. J’ai écrit cette chanson pour ma fille. L’amour que l’on éprouve pour ses enfants, c’est le seul amour inconditionnel. Ces moments passés avec elle m’ont remplie de joie. Et c’est ce que j’exprime.

Ce bonheur ne vous empêche pas de revenir sur des sujets beaucoup plus douloureux. «Black Spoon» parle de l’addiction à la drogue, par exemple.

Dès l’âge de 5 ans, j’ai vu ma mère accro à l’héroïne. Forcément, je me suis inspirée de cette enfance différente… Mais je voulais surtout faire ce morceau pour les jeunes. Trop commencent à se droguer sans savoir qu’ils vont tout perdre. Leurs amis et leur âme notamment…

«Julia» aborde le thème parfois tabou de la maladie. Comment en êtes-vous venu à en parler?

C’est une histoire vraie. Son père m’a contactée. J’ai donc rencontré cette jeune fille à l’hôpital à Paris. Elle était mourante. Je me rappelle même lui avoir apporté une guitare. Mais elle ne pouvais pas en jouer… J’ai donc décidé de lui jouer quelques morceaux. Julia est tellement forte! Je me suis interdit de pleurer devant elle. Mais ce moment restera gravé à tout jamais dans ma mémoire.

Souhaitez-vous vous imposer définitivement comme une chanteuse à texte?

Pour moi, la musique et le texte comptent autant. Mais c’est avec les paroles que je commence un morceau. Je n’écris que si j’en ressens le besoin.

Vous pourriez être la nouvelle Nina Simone…

Quel magnifique compliment! Nina Simone a inspiré beaucoup d’artistes. Moi y compris. Elle est définitivement l’une des plus grandes. Ce qui me fascinait chez elle, c’est qu’elle n’essayait pas de plaire à qui que ce soit. La définition de l’authenticité.

Recueilli par Thomas Holzer