Le chef de l'agence russe de protection des consommateurs, Guennadi Onichtchenko, a interdit "à partir du 2 juin et jusqu'à nouvel ordre l'importation et la vente sur le territoire de la fédération de Russie de légumes frais produits dans l'Union européenne", selon un communiqué. "La source de la maladie n'a toujours pas été déterminée, mais les légumes frais sont considérés comme le vecteur probable de transmission de l'infection", explique le document.
M. Onichtchenko avait annoncé cette interdiction tôt jeudi matin, critiquant vertement au passage les normes sanitaires européennes.
L'épidémie "montre que la législation sanitaire européenne, que certains pressent la Russie d'adopter, ne marche pas", a-t-il jugé, selon l'agence Interfax.
La Commission européenne a qualifié la mesure «disproportionnée»
"La Commission va écrire aux autorités russes pour demander des explications. Cela représente entre 3 et 4 milliards d'euros de produits européens exportés chaque année, le premier produit étant des pommes", a indiqué un porte-parole pour les questions de santé Frédéric Vincent. Le 30 mai, Moscou avait déjà décrété une interdiction d'importation de légumes frais d'Allemagne, où l'épidémie a commencé, et d'Espagne, dont les concombres étaient alors soupçonnés d'être la source de la maladie.
L'épidémie due à la bactérie E.coli 0104, qui provoque notamment de graves diarrhées et des troubles rénaux, s'étend en Europe depuis l'Allemagne.
Elle a fait 16 morts dans ce pays et un mort en Suède. Son origine reste pour l'heure inconnue. La Russie a l'habitude d'interdire rapidement les produits alimentaires étrangers en cas d'alerte sanitaire, comme en janvier lorsqu'elle avait décrété un embargo sur les porcs vivants et les volailles venant Allemagne, après des cas de contamination à la dioxine.
Moscou est aussi régulièrement accusé d'user de ses normes sanitaires à des fins politiques ou commerciales. Ainsi, la Russie interdit les importations de vins et de brandy de Moldavie et de Géorgie, deux pays avec qui elle entretient des relations très difficiles. Le président français Nicolas Sarkozy s'était plaint en octobre 2010 à son homologue russe Dmitri Medvedev de "la persistance de barrières sanitaires à l'importation de bovins et autres produits animaux en Russie", fondées sur "des bases scientifiques contestables".
(L'essentiel Online/AFP)
Authors: