La France compte entre 5 et 6 millions de musulmans et l'Allemagne près de 4 millions. Les deux pays sont régulièrement la proie de débats fiévreux, par exemple sur l'interdiction du voile intégral ou sur les prières du vendredi dans la rue en France, sur l'intégration en Allemagne où la chancelière Angela Merkel a même reconnu «l'échec du modèle multiculturel». «Malgré une histoire coloniale différente, une immigration différente et des modes d'intégration différents, il est frappant de relever que le constat, dur et massif, est le même dans les deux pays», relève dans le Monde Jérôme Fourquet, de l'institut de sondage Ifop.
Un islam «trop visible»
Il souligne qu'en une vingtaine d'années le sentiment d'hostilité à l'égard des musulmans a changé de nature. «On est passé, dit-il, du ‘3 millions d'immigrés, 3 millions de chômeurs’ à l'expression d'une menace pour l'identité culturelle d'une société de tradition chrétienne. On sait que les immigrés musulmans ne repartiront pas et le débat sur focalise donc sur leur intégration».
Jérôme Fourquet juge «révélateur» que le discours en France du Front National sur les immigrés ait évolué pour se placer désormais sur le terrain de la défense de la laïcité. Une des questions du sondage porte sur «l'influence et la visibilité de l'islam». 55% des Français et 49% des Allemands les jugent «trop importantes». Plus concrètement, 39% des Français et 55% des Allemands sont hostiles à la construction de mosquées, 59% de Français et 42% d'Allemands au port du voile ou du foulard dans la rue. Ils sont plus réfractaires encore à cette tenue dans les écoles publiques (90% en France et 70% en Allemagne).
«Rejet des valeurs occidentales»
Sur les raisons de la mauvaise intégration des musulmans, des deux côtés du Rhin, on cite en premier «leur refus de s'intégrer» (61 et 67%), puis les «trop fortes différences culturelles» (40 et 34%) avant «le fait que les personnes d'origine musulmane soient regroupées dans certains quartiers et certaines écoles» (37 et 32%) et «le racisme et le manque d'ouverture» des pays d'accueil (18 et 15%).
Enfin, invités à choisir l'expression qui correspond le mieux à l'idée qu'ils se font de l'islam, 31% des Français et 34% des Allemands placent en premier le «rejet des valeurs occidentales», viennent ensuite le «fanatisme» (18 et 24%), la «soumission» (17 et 14%) et la «violence» (6 et 7%).
(L'essentiel Online/AFP)
Authors: L'essentiel