Objectif hongrois compromis
Au moyen de sa présidence la Hongrie espère pourtant développer son prestige auprès des autres pays européens. Mais L'objectif semble déjà très compromis après un début raté, de l'aveu même du ministre-président hongrois Viktor Orban. «Les Hongrois sont en train de faire oublier les Tchèques», persifle un diplomate européen.
Le passage chaotique des Tchèques à la tête du bloc des 27 au premier semestre 2008 avait été marqué par la chute de leur gouvernement à mi-parcours et des propos controversés du président eurosceptique Vaclav Klaus. Mais, la polémique n'avait pas atteint la même intensité.
Bruxelles a émis des «doutes»
Viktor Orban, revenu au pouvoir en avril après huit années dans l'opposition, se voit accusé de chercher à museler la presse. En cause: une législation encadrant le fonctionnement des médias que la Hongrie a adoptée en décembre, juste avant de prendre les rênes de l'UE. Elle prévoit notamment des sanctions en cas d'informations non-«équilibrées» et instaure une autorité de régulation où seuls siègent des membres ou proches du parti de droite au pouvoir, le Fidesz.
Bruxelles a émis des «doutes» sur la conformité du texte avec les règles européennes et ouvert une enquête. L'Allemagne et la France demandent un changement de la législation. La Hongrie «a adopté des textes qui soulèvent de nombreuses questions et qui n'arrivent pas au bon moment», a souligné le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, dans une interview publiée vendredi par le quotidien français La Croix.
Comparaison avec Poutine
Au-delà, cette affaire fait ressurgir des critiques plus fondamentales sur le mode de pouvoir de Viktor Orban qui, fort d'une majorité des deux-tiers au Parlement, a entrepris de réformer à la hussarde la constitution nationale et avec elle son pays. Cela lui vaut d'être accusé de populisme et de nationalisme exacerbé par ses opposants, qui le comparent volontiers à son homologue russe Vladimir Poutine ou à Alexandre Loukachenko, chef d'Etat du Belarus.
«De 1998 à 2002 (lors de son précédent passage au pouvoir), la presse occidentale a dit que je faisais penser à Hitler et au Duce (Benito Mussolini). A présent, elle me compare à Poutine et au président bélarusse. Je vous laisse juger s'il s'agit ou non d'un progrès», a-t-il raillé jeudi.
Rupture avec le FMI
Volontiers interventionniste sur le plan économique, Viktor Orban a instauré une taxe spéciale de crise sur les grandes entreprises pour réduire son déficit public, provoquant les protestations des groupes étrangers qui s'estiment visés. Il a aussi rompu avec le Fonds monétaire international (FMI), qui avait sauvé la Hongrie de la faillite à l'automne 2008, il est engagé dans un bras de fer avec sa banque centrale dont il est soupçonné de vouloir modifier les statuts afin de pouvoir davantage influer sur sa politique.
Il a enfin réduit les pouvoirs de la Cour constitutionnelle pour l'empêcher d'avoir son mot à dire sur les choix financiers du gouvernement. Sur le front politique, Viktor Orban donne des gages au parti d'extrême-droite Jobbik en donnant la possibilité aux Hongrois de souche des pays limitrophes d'obtenir la nationalité hongroise et en leur promettant bientôt le droit de vote dans le pays. Au risque de s'aliéner les Etats voisins comme la Slovaquie.
L'essentiel Online avec AFP
Authors: L'essentiel