«Il y aura certainement une crise gouvernementale car en cas de départ des ministres proches de Fini, il n'est pas possible de les remplacer par d'autres responsables comme si de rien n'était», prédit Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l'université américaine de Rome John Cabot. «Il y aura soit un nouveau gouvernement Berlusconi soit des élections anticipées, mais je pense que ce gouvernement ne pourra pas arriver à son terme naturel de 2013», ajoute-t-il. «Une saison politique qui a duré plus de quinze ans est en train de s'achever dramatiquement», renchérit le Corriere della sera. L'arrivée au pouvoir de Silvio Berlusconi remonte à 1994. L'homme d'affaires et magnat des médias a été chef du gouvernement en 1994-95, 2001-2006 et depuis mai 2008.
Une rupture irréversible
Pour l'éditorialiste, «la rupture est irréversible». Même écho dans le quotidien de gauche la Repubblica qui prédit «une fin imminente» de l'actuel gouvernement et salue «le courage politique» de Fini qui a osé imaginer un centre-droit «sans Berlusconi comme leader incontesté et charismatique». Un courage d'autant plus remarquable que «Fini n'a pas un vrai électorat», relève Marco Tarchi, professeur de sciences politiques à l'université de Florence. Pour lui, «un défi électoral entre Berlusconi et Fini s'achèverait par un désastre pour ce dernier».
La période n'est cependant pas non plus très propice pour le président du Conseil, affaibli par une nouvelle vague de scandales sexuels, et sous le feu des critiques du patronat qui lui reprochent la paralysie du gouvernement face à la fragilité de la croissance économique. «Nous assistons à l'avant-dernier acte d'un psychodrame toujours plus incompréhensible pour le citoyen normal», résume Stefano Folli, du Sole 24 ore. Selon lui, l'unique certitude est «l'usure inexorable d'un centre-droit qui a gagné les élections il y a deux ans et a très rapidement déçu toutes les attentes» et «il est clair qu'on ne pourrait pas continuer comme ça encore longtemps».
C'est l'avis aussi des militants du «Peuple violet», mouvement d'opposition à Berlusconi, dont l'un des responsables, organisateur du No Berlusconi day, a démarré lundi soir une grève de la faim jusqu'à ce que le Parlement «se décide à voter la défiance à Berlusconi». «Nous en avons marre de ceux qui font de grandes déclarations mais ne font rien de concret pour libérer l'Italie de ce président du conseil qui nous fait honte», a expliqué Gianfranco Mascia.
Authors: L'essentiel