> Michel Wurth «On a rien fait pour réformer notre économie»
Monday, 25 October 2010 10:47

Michel Wurth «On a rien fait pour réformer notre économie»

L'essentiel: Comment appréhendez-vous la prochaine réunion avec le gouvernement?

Michel Wurth: Un seul accord bipartite entre gouvernement et syndicats n’est pas conforme à l'esprit du modèle luxembourgeois. Ce serait un mauvais signal envers les entreprises qui, faut-il le rappeler, sont les créateurs de richesse et d’'emploi au Luxembourg. Nous vivons la plus grave crise économique depuis la Seconde guerre mondiale. Or, on n'a encore rien fait pour réformer l'économie du pays. C'est là que

le bât blesse.

Quelles sont les propositions de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL)?

Nous voulons renforcer la situation concurrentielle des entreprises par des réformes structurelles. Je peux vous donner deux pistes. Premièrement: juguler l'inflation. Si notre inflation est supérieure à celle des pays voisins, nos coûts salariaux augmentent plus vite et nous sommes moins compétitifs. Deuxièmement : il faut favoriser le business et l’emploi. Les entreprises doivent pouvoir être plus flexibles au lieu de souffrir continuellement des lourdeurs administratives. Il faut que nous puissions réagir plus rapidement en réformant le droit du travail et les procédures administratives. L'exemple du centre logistique en lieu et place de la WSA à Bettembourg (NDLR: lancé par l’État en 2004 et qui tarde à sortir de terre) est criant de ces lenteurs administratives.

Le Luxembourg fait pourtant partie des pays les plus compétitifs d'Europe…

Il ne faut pas se tromper d'analyse. L'économie luxembourgeoise est surtout basée sur des services hauts de gamme. Ces services sont développés grâce au concours de nombreux spécialistes étrangers hautement qualifiés qui sont venus s’installer au Luxembourg. Mais de là à en conclure qu'une entreprise luxembourgeoise est plus compétitive que celles de nos pays voisins est une vision erronée alors qu’il est établi que les coûts salariaux des entreprises luxembourgeoises ont fortement hypothéqué leur compétitivité au cours des dernières années.

La présence massive d’entreprises de la Grande Région sur le marché luxembourgeois en témoigne à suffisance. Par ailleurs, les industries ne représentent plus que 10% du Produit intérieur brut, cela prouve aussi que le Luxembourg est devenu moins attractif. En effet, l’économie du pays doit absolument devenir moins monolithique, elle doit reposer sur plusieurs piliers,Il faut davantage développer les piliers de l’industrie et des PME, c'est d’ailleurs l'un des enseignements à tirer de la crise. Les pays avec un tissu industriel fortement développé comme l’Allemagne ont mieux résisté.

Selon le Statec, les hauts salaires ont augmenté de 2,5% par an en une décennie quand les bas salaires n'augmentaient que 1,1 %. Que cela vous inspire-t-il?

Ces hauts salaires signifient tout simplement que la place financière luxembourgeoise a du succès et l’attirance de nombreux spécialistes étrangers contribue à ce phénomène. C'est une très bonne nouvelle! Les bas salaires au Luxembourg sont aussi les plus élevés au monde et, en plus, ils augmentent plus vite que chez nos voisins.

Un mot sur la réforme du système de santé.

L’UEL a fait des propositions dans son document « Soigner mieux en dépensant moins » et nous demandons à ce qu’elles soient intégrées dans la réforme. Il y a un accord tripartite qui stipulait que les cotisations patronales n'augmenteraient pas et ceci afin de préserver la compétitivité des entreprises. Il faut que le ministre de la Santé respecte cette parole et ne prenne pas des décisions unilatérales.

C'est la raison pour laquelle les représentants patronaux ne voient un intérêt de continuer leur collaboration au sein des organes de gestion de la Caisse nationale de santé que si leur action peut utilement s’inscrire dans une logique de maîtrise des coûts. A défaut, il incombe au ministre de trouver comment financer le système de santé avec les représentants des salariés..

Recueilli par Patrick Théry

Authors: L'essentiel

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Last modified on Tuesday, 30 November 1999 01:00
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