> Mort au M Club «On ne cherche pas la vengeance»
Tuesday, 19 April 2011 21:24

Mort au M Club «On ne cherche pas la vengeance»

Mort au M Club «On ne cherche pas la vengeance»

«Je le connaissais depuis 10 ans. On faisait tout ensemble, sortir, discuter, jouer au foot, on a grandi ensemble». Anis a 25 ans. Il a toujours du mal à réaliser que son ami est parti pour toujours. «Cela faisait 15 ans qu’Arnel vivait au Luxembourg, il venait juste de signer un contrat de travail avec une entreprise au Luxembourg.» Mais le dimanche matin du 10 avril, tout a basculé, Arnel est mort rue de Bouillon, blessé mortellement à la gorge, par les éclats d’un verre qui lui ont tailladé l’aorte.

«Il n’y a même pas eu de bagarre»

Emil accompagnait son ami ce soir-là. C’était la première fois qu’ils venaient au M Club: «On est entré sans devoir faire la queue, on connaissait les videurs, on n’a pu entrer sans être contrôlés». Les événements tragiques qui ont conduit à la mort d’Arnel sont difficiles à saisir pour Emil: «Je connaissais l’auteur du coup mortel de vue, mais on n’avait jamais eu de problèmes avant, ni avec Arnel». Vers deux heures, tout est allé très vite: «Je n’ai pas tout vu, je crois qu’une fille lui a marché sur le pied, il s’est mis à discuter avec elle, et puis c’était déjà fini. Il n’y a même pas eu de bagarre. Je pense que la fille était la petite amie de l’auteur du coup mortel».

Les services de police sont rapidement sur place: «Je crois qu’ils étaient déjà dans les parages», se rappelle Emil. «Je sais qu’un videur a appelé le SAMU, il était environ 2h15. Il leur a dit qu’il s’agissait d’une blessure au cou. Je ne peux pas dire combien de temps ils ont mis pour arriver, peut-être 20 minutes. Mais j’avais l’impression qu’ils ne savaient pas quoi faire, le médecin urgentiste est arrivé 45 minutes après».

«T’en fais pas je n’ai rien, ce n’est pas grave».

Arnel décède à côté de son ami et Emil assiste impuissant à ses derniers instants. «Je lui parlais, il me répondait, et me rassurait: "T’en fais pas je n’ai rien, ce n’est pas grave"». Je ne sais pas s’il me mentait et s’il se rendait compte qu’il était en train de mourir, mais il m’a réellement rassuré». La famille d’Arnel apprend la nouvelle le matin même.

Arnela, la jeune sœur de la victime, se souvient que sa mère est entrée dans sa chambre en pleurant: «Elle criait: "C’est pas vrai, c’est pas possible". Je ne savais pas quoi dire, à part "Calme-toi maman, peut-être qu’il n’est que blessé", mais ma petite sœur qui a 12 ans disait "Non la police n’a pas le droit de mentir, elle dit la vérité", c’est tout ce dont je me souviens. Arnel mon grand frère était toujours là pour moi, il m’a toujours protégé». Une semaine après ces événements dramatiques, la famille est toujours sous le choc: «Ma petite sœur et mon petit frère de 9 ans ne réalisent pas vraiment je crois, ils veulent croire qu’Arnel est parti en vacances».

«On ne cherche pas la vengeance»

Les rumeurs qui font état d’une guerre des bandes sur fond de rivalité ethniques sont vigoureusement contredites par les trois amis de la victime: «Arnel n’était plus un gamin, il ne faisait partie d’aucune bande. Il ne provoquait personne et ne se laissait pas non plus provoquer par d’autres», assure Anis. Et ce dernier de poursuivre en indiquant qu'il a travaillé «pendant un an dans une maison de jeunes à Esch que je continue de fréquenter régulièrement. On y rencontre des jeunes des Balkans, du Cap-Vert, des Italiens, des Luxembourgeois et il n’y a pas de bagarre et encore moins de guerre des bandes».

Emil confirme et évoque les conséquences de cette confrontation mortelle. «Je me suis laissé dire que la famille de l’auteur du coup mortel contre Arnel vit cloîtrée dans sa maison, ils n’osent plus aller dans la rue de peur d’être victimes d’actes de vengeance. Mais ce n’est pas vrai. On est sans haine, on ne cherche pas la vengeance. Mon ami ne reviendra plus jamais, et je ne peux plus rien faire pour changer ça, tout ce que je ressens, c’est une immense tristesse», assure le jeune homme.

Mais pour les proches d’Arnel, il semble établi que la violence entre les jeunes atteint une nouvelle dimension. «Je pense qu’il faut faire quelque chose pour changer cela, avance Arnela. Il y a quelques années quelqu’un est déjà mort dans ce club, aujourd’hui c’est mon frère. Il faut que cela cesse, les morts sont de plus en plus jeunes». Pour Emil, le comportement des jeunes est en train de changer radicalement: «Il y a dix ans encore, les choses étaient différentes, aujourd’hui presque tous les jeunes sortent armés d’un couteau, et s’ils n’ont pas de couteau, ils se servent d’une bouteille ou d’un verre…».

cm/L’essentiel Online

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Last modified on Tuesday, 30 November 1999 01:00
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