«Une aventure humaine», «C'est que du bonheur», «C'est énooorme!»... Ces phrases sont devenues des leitmotivs contemporains puisque tout le monde les emploie à tort et à travers. Leur origine ne se trouve pas dans une fable de La Fontaine mais dans la bouche de nombreux participants d'émissions de téléréalité. Contrairement aux phrases cultes de ce genre télévisuel qui, elles, prêtent juste à rire («Je t'emmerde avec un grand A»), ces expressions ont atteint une dimension universelle.
Au début de la téléréalité en France, il y a un peu plus de dix ans, on tentait de faire croire aux téléspectateurs que des gens comme Madame et Monsieur Tout-le-monde s'animaient dans la lucarne lumineuse. Que finalement, c'était la réalité qui était filmée. Après dix minutes de diffusion, les plus lents à la comprenette avaient saisi, eux aussi, que ces shows n'étaient pas des documentaires et que les candidats retenus incarnaient en majorité, socialement ou d'un point de vue psychiatrique, le restant de la colère de Dieu. Au jeu de «Qui influence qui?», il est donc amusant de constater qu’une microcellule a donné vie à des monstres langagiers sous la loupe de TF1, M6 et consorts: C’est énooorme!
Que faut-il en déduire? Tout d’abord que le français n’est pas une langue morte et qu’en tant que francophones nous participons à une très belle «aventure humaine».
(L'essentiel Online/eco)
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