Il y a quelques jours, l'Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) tapait du point sur la table. Selon elle, les responsables politiques luxembourgeois n'ont pas fait suffisamment d'efforts pour inciter les étrangers à s'inscrire sur les listes électorales en vue du scrutin communal d'octobre. Volonté politique ou pas, ce qui est sûr c’est que les chiffres ne sont pas à la hauteur des espérances.
Les chiffres À un jour de la fin des inscriptions pour les étrangers, les trois plus grandes villes du pays donnent leurs chiffres provisoires.À Luxembourg-ville 4 933 étrangers (contre 27 096 Luxembourgeois) se sont inscrits et cela alors que 30 000 étrangers pourraient voter!
À Esch-sur-Alzette, 11 400 Luxembourgeois sont inscrits et 2 300 étrangers ont fait la démarche.
À Differdange 1 533 étrangers (contre 8 070 Luxembourgeois) se sont inscrits. * Chiffres recueillis le 11 juillet pour Luxembourg-Ville et le 13 juillet pour Esch-sur-Alzette et Differdange. S'inscrire sur les listes Les non-Luxembourgeois, ressortissants de l’Union européenne ou non, qui résident au Luxembourg depuis cinq années au moins au moment de la demande d’inscription sur la liste électorale, ont le droit de voter aux élections communales sans perdre le droit de vote dans la commune de leur pays d’origine. Les ressortissants étrangers désireux de participer pour la première fois aux élections communales font une demande d’inscription sur la liste électorale auprès de l’administration communale de leur commune de résidence, et ce jusqu'au 14 juillet 2011, au plus tard. À noter qu'ils peuvent désormais le faire en ligne via le portail macommune.lu Une fois inscrit sur les listes électorales, l'électeur est obligé de voter, quelle que soit la nationalité des électeurs.
«Selon les derniers chiffres officiels dont nous disposons, 23 461 étrangers résidant au Luxembourg se sont inscrits auprès de leur commune, soit 12% des étrangers d'au moins 18 ans, indique Sylvain Besch, directeur du Centre d'étude et de formation interculturelles et sociales (CEFIS), contacté mi-juin par L'essentiel Online. Mais ces chiffres datent du 9 octobre 2010, soit un an avant la date des élections. La proportion a évolué mais ne devrait pas dépasser les 15% actuellement».
L’obligation, un frein à l’inscription
Jean-Paul Bauer directeur du Bierger Center à Luxembourg-ville donne des explications à ce chiffre modéré. «C’est une appréciation personnelle mais ceux qui ne s’inscrivent pas disent qu’ils ne connaissent personne, que les communes ne les représentent pas. D’autres ont du mal avec l’obligation de vote. C’est le cas par exemple des résidents qui viennent des pays de l’Est et qui ont connu la dictature et qui ne veulent pas être obligé à faire quelque chose.»
Un constat partagé par l’ASTI et le CEFIS qui entre février et juin ont participé à de nombreuses réunions publiques d’information sur l’importance du vote communal. «La question du vote obligatoire était débattue dans toutes les réunions publiques. Cette particularité du système électoral luxembourgeois a été perçue comme un frein à l’inscription sur les listes électorales», peut-on lire dans leur bilan.
«Mon vote ne va rien changer»
Roberto ne vient pas des pays de l’Est mais être obligé de voter ça le «dérange». «Pour moi ce n’est pas compatible avec le principe de démocratie.» À 39 ans, ce Capverdien qui habite au Luxembourg depuis 11 ans a fait son choix: il ne votera pas! «De toute façon les communes ne servent à rien. Si elles servaient à quelque chose on me l’expliquerait davantage mais au-delà de ça je pense que toutes les décisions se prennent autre part. À l’Union Européenne, dans les lobbys, dans les banques...Bref, mon vote ne va pas changer le cours des choses.»
Et pourtant, il y en a qui rêve de pouvoir voter. Sarah et Jérôme en font partie. Âgés d’une trentaine d’années, ils habitent au Luxembourg depuis moins de 5 ans et ils n’ont donc pas le droit de voter. Comme 17 000 autres personnes à Luxembourg-ville. «J'habite ici depuis presque 3 ans, explique Sarah, et j’aimerai beaucoup voter car les communes règlent mon quotidien». Un argument également avancé par Jérôme «les communes c’est ma vie de tous les jours : les transports, les écoles de mes enfants…bref ça m’embête vraiment de pas pouvoir voter!»
(FR/L'essentiel Online)
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