> Violences juvéniles «Il n’y a pas de solutions miracle»
Mercredi, 01 Juin 2011 13:00

Violences juvéniles «Il n’y a pas de solutions miracle»

Violences juvéniles «Il n’y a pas de solutions miracle»

L’essentiel Online s’est entretenu avec des éducateurs à Esch-sur-Alzette. Charles Gasperi est responsable du Point information jeunes à Esch-sur-Alzette. Face à la médiatisation des faits divers impliquant des violences juvéniles, Gasperi tempère: «C’est un sujet qui ne concerne pas seulement les jeunes. Nous devons entreprendre une démarche auprès des ministères pour remonter aux origines du phénomène. La solution ne peut pas seulement être policière». Marc est éducateur depuis 10 ans sur Esch-sur-Alzette et travaille en étroite coopération avec Charles Gasperi sur le terrain: «Il y a beaucoup de situations difficiles: familles monoparentales, chômage et peu de perspective pour l’avenir, les jeunes se retrouvent alors pris en tenaille par un manque d’éducation et une grosse pression de la vie en société».

«La jeunesse d’aujourd’hui n’accepte pas la police»

Les causes pour les excès de violences sont multiples selon les deux éducateurs. Pour Charles Gasperi il faut relancer le dialogue social: «Il faut impliquer les différents responsables de l’État: il y a le souci du décrochage scolaire, la frustration du chômage, des situations familiales difficiles, et ceci ramène le seuil de tolérance et d’autodiscipline des jeunes au niveau zéro». Sur le terrain, Marc constate les dégâts des dérives au quotidien: «Sans boulot, celui qui se met à dealer des drogues et qui réussit gagne tout d’un coup des milliers d’euros par mois. L’autorité et la valeur d’exemple de la société actuelle dans ce cas, c’est simplement zéro».

Autre facteur aggravant la tendance: le respect des jeunes envers les fonctionnaires de police du pays est au plus bas. Pour Marc ce n’est pas une surprise: «La jeunesse d’aujourd’hui n’accepte pas la police. Beaucoup de policiers au Grand-Duché sont jeunes, très jeunes. Ils ont à peine plus de vingt ans et sont armés. Mais leur formation ne correspond pas au quotidien urbain des jeunes. Un service de police à Clervaux n’est pas appelé à répondre aux même obligations qu’à Luxembourg-Ville ou à Esch-sur-Alzette».

«Ils ont besoin d’une autre forme de respect»

Face aux multiples facettes du problème, Charles Gasperi en appelle à une prise de responsabilité de tous les acteurs concernés: «Il n’y a pas de solutions miracle, il faut faire un vrai travail». Les propositions existent et sont parfois simples, comme cette idée prônée par Marc: «Il faudrait organiser des rencontres entre les jeunes concernés par les problèmes de violences et les fonctionnaires de police. Ces rencontres pourraient être sportives, par exemple un tournoi de football. Elles permettraient d’établir des relations de confiance et de respect. Mais ces évènements ne doivent pas être ponctuels, ils doivent s’inscrire dans la durée.»

Marc cite un exemple pour montrer que les jeunes qu’il côtoie tous les jours à Esch-sur-Alzette ne correspondent pas vraiment aux clichés préfabriqués de jeunes en perte de valeur prêts à tout casser: «Les 25 et 26 juin les jeunes organisent un tournoi de football, ici, en mémoire d’Arnel et en soutien à ses proches. Ils ont donc une réelle capacité de s’investir et d’organiser, ils ont donc également besoin d’une autre forme de respect.» Pas facile quand on est originaire du quartier de Brill à Esch «Pour beaucoup c’est la zone, mais pour les jeunes qui y vivent c’est leur quartier» rappelle Marc.

cm / L’essentiel Online

Authors:

Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
back to top