> Opposition en Ukraine «Nos seins sont une arme dont le pouvoir a peur»
Mercredi, 09 Février 2011 12:40

Opposition en Ukraine «Nos seins sont une arme dont le pouvoir a peur»

Opposition en Ukraine «Nos seins sont une arme dont le pouvoir a peur»

En plein hiver, quatre jeunes femmes surgissent seins nus au coeur de Kiev et, sous le regard ahuri des passants, scandent des slogans contre le pouvoir ukrainien: FEMEN, un mouvement d'opposition féminin, brandit la nudité comme arme politique. Toujours couronnées de fleurs à la mode folklorique ukrainienne, ces militantes topless ont une cible favorite: le président Viktor Ianoukovitch, accusé d'être un goujat sexiste vendu à la Russie.

Cette fois-ci, face aux journalistes captivés, elles réclament la «destitution de Ianoukovitch», le chef de l'État venant de créer la polémique en invitant les investisseurs étrangers à venir en Ukraine au printemps, «lorsque les femmes commencent à se dévêtir». Accroupies face à la gare, les fesses à l'air autant que la poitrine, les quatre militantes signifient ainsi au président qu'il a «merdé», expliquent-elles.

«Nous avons nos corps, nos cerveaux et notre créativité»

FEMEN, qui revendique 300 militantes à Kiev, n'en est pas à son coup d'essai, devenant en trois ans un phénomène en Ukraine et se faisant connaître même à l'étranger. À moitié déshabillées ou en tenues légères, les membres de FEMEN multiplient les actions publiques pour dénoncer la prostitution, le tourisme sexuel, ou le harcèlement dont sont victimes les étudiantes d'université en Ukraine. «Lefemmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes, beaucoup d'entre elles se marient à 20 ans et n'ont après plus de carrière ni d'indépendance financière», explique Anna Goutsol, la chef du groupe, âgée de 26 ans.

«Nous avons compris que le seul moyen d'attirer le maximum d'attention sur un problème était de protester seins nus», explique Anna Goutsol. «Nous avons peu d'argent pour développer notre mouvement, mais nous avons nos corps, nos cerveaux et notre créativité. D'abord, les gens regardent nos poitrines, puis nos banderoles», relève-t-elle.

Mais pour l'écrivain Oksana Zaboujko, le mouvement «abuse» de la méthode. «Si on organise un strip-tease à chaque occasion, on finit par ne plus voir le message politique mais juste un spectacle de filles nues», dit-elle. «C'est un projet très bien construit, derrière ses seins, il y a plus de cervelle qu'il n'y paraît», estime Andri Taranov, un cofondateur du groupe de communication Kwendi.

(L'essentiel Online/AFP)

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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