Pour l'éditorialiste du Monde, «cette controverse ‘bagnolesque’ peut paraître dérisoire», du fait notamment qu'elle rassemble «dans un même mouvement prolétaires et bourgeois, bon pères de famille et ‘racailles’ de banlieue, soutenus par les représentants du peuple que sont, par définition, les parlementaires». Cependant, avertit le quotidien du soir, «gouverner, c'est comme conduire : il faut choisir. En l'occurrence entre la responsabilité, quelle qu'en soit la rudesse, et un laxisme dont les motivations électoralistes ne sont pas glorieuses»
Les radars pédagogiques installés «de façon aléatoire» Les radars pédagogiques, indiquant leur vitesse aux automobilistes, seront implantés «de façon aléatoire», soit en amont de radars fixes soit dans des endroits non équipés de radars fixes, a expliqué mardi le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, sur France 2. M. Guéant a également confirmé le retrait des panneaux signalant les radars fixes, même s'il était suspendu pour permettre la réunion des spécialistes départementaux de la sécurité routière, ce qui demandera «quelques jours et quelques jours seulement». Les radars pédagogiques «ne seront pas implantés comme les panneaux qui signalent les radars fixes, aujourd'hui à distance fixe des dits radars fixes, c'est 400 mètres», a dit M. Guéant. «Ils seront implantés de façon aléatoire, parfois à plusieurs kilomètres en amont, ils seront aussi en des endroits où il n'y a pas de radars», a-t-il précisé. «S'agissant des panneaux qui signalent la présence de radars fixes, je confirme qu'ils seront bien enlevés», a souligné le ministre. «Il a été décidé que les spécialistes de la sécurité routière au plan départemental se réuniraient pour déterminer les points sur lesquels les radars pédagogiques seraient installés. Effectivement, cela demande quelques jours et quelques jours seulement», a-t-il expliqué. Les députés UMP se targuaient mardi d'avoir remporté leur bras de fer avec le gouvernement sur la sécurité routière en obtenant un moratoire sur le démontage des panneaux signalant les radars fixes, qui sanctionnent les excès de vitesse, et le remplacement, à terme, de chaque panneau par un «radar pédagogique».Même critique chez Jean-Francis Pécresse (Les Échos): «c'est un électoralisme médiocre qui a poussé des députés de la majorité à obtenir du gouvernement qu'il lève le pied sur le démontage des panneaux de signalisation des radars routiers». Mais l'éditorialiste renvoie aussi la responsabilité sur Bruxelles invité à imposer des limitations de vitesse au niveau européen: «faute d'accords internationaux, l'impunité dont bénéficient les chauffards étrangers n'est plus acceptable». «La moitié des infractions commises sur l'A7 le sont par des plaques extraterritoriales», rappelle le journaliste.
«Et paf! Flashé en excès verbal»
Francis Brochet (Le Progrès de Lyon) remercie ironiquement le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, car «grâce à vous, les chauffards français se sentent partout chez eux». Ironie aussi chez Daniel Ruiz (Journal La Montagne), mais ciblée cette fois sur le Premier ministre: «François Fillon n'avait pas vu le ministre de l'Intérieur embusqué derrière une décision élyséenne et paf! Flashé en excès verbal».
«François Fillon s'est fait doubler sur sa droite. Un comble pour un pilote de rallye», s'amuse-t-il. Jacques Camus, dans La République du Centre, décrit un «psychodrame majoritaire» où «François Fillon, baptisé ‘l'ayatollah du volant’, qui se voulait inflexible, a été lâché par son ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, devenu aussitôt un «excellent ministre» pour l'UMP.
Cette leçon «a de quoi inquiéter Nicolas Sarkozy
«Derrière tout cela, note l'éditorialiste, affleurent les luttes de pouvoir et la progressive déconsidération du Premier ministre attisée par le patron de l'UMP, Jean-François Copé, et son complice chef de groupe, Christian Jacob». «Céder ainsi à la démagogie des comptoirs de bistrot ne redorera pas le blason du gouvernement, qui ajoute la confusion et la division à la capitulation. Quelle cacophonie entre François Fillon, qui tente de sauver une apparence de fermeté et Claude Guéant, qui renie d'un bloc le Comité interministériel du 11 mai», s'exclame Patrick Fluckiger dans L'Alsace.
Pour Hervé Cannet (La Nouvelle République du Centre ouest), Claude Guéant, à la «manœuvre, admirable dans le maniement de la langue de bois», vient de démontrer que sa réputation de «Premier ministre bis» n'avait rien perdu de sa réalité alors qu'il n'est plus à l'Élysée». Cette leçon «a de quoi inquiéter Nicolas Sarkozy. Avec un attelage gouvernemental aussi bancal, il est clair que c'est lui, en 2012, qui va dans le mur !», avertit encore l'éditorialiste. En effet, «toute reculade sur les dossiers emblématiques représente, d'une manière ou d'une autre, un danger pour Nicolas Sarkozy en 2012 et, donc dans la foulée, pour les candidats de droite aux législatives», analyse Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.
(L'essentiel Online/AFP)
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