Ayant découvert l'œuvre de Marlier au travers de puzzles Martine du fabricant allemand de jouets Ravensburger, Michael Jackson, lors d'un passage en Europe, l'avait invité avec sa femme à le rencontrer à Paris, où il lui avait proposé d'acheter ses originaux. L'illustrateur avait décliné l'offre. «J'ai fait son portrait au crayonné, que je lui ai offert», précise-t-il.
Les joies de la vie rurale
Sortie en 1954, la première aventure, «Martine à la ferme» (sans son chien Patapouf, un teckel à poils longs qui la rejoindra plus tard) interprétait les joies de la vie rurale pour la génération d'après-guerre. Fort différent, le 60e et dernier album en date, «Martine et le prince mystérieux», la fait évoluer à Venise dans un univers féerique de carnaval. Entre- temps, malgré la disparition prématurée du scénariste Gilbert Delahaye, en 1997, le succès ne s'est jamais démenti. «Dans les files d'attente, ce sont trois générations de femmes qui se pressent, de la grand-mère à la petite-fille», raconte le dessinateur à propos de ses séances de dédicace. Près de 100 millions d'exemplaires en trente-cinq langues en attestent.
Au point que selon un responsable de son éditeur Casterman, «si Tintin était la tartine, Martine était le beurre qui allait dessus», dit Marlier. Un premier tirage de Martine en français, c'est 80 000 exemplaires. Elle paraît actuellement dans une quinzaine de langues. Évidemment, Martine, un nom très courant dans les années 50 en Europe francophone, change d'identité en fonction des pays. Au départ, il s'agissait pour l'illustrateur Marlier d'une commande comme une autre, promise à une série courte de trois ou quatre ouvrages. Si le personnage est sorti de l'imagination de Delahaye, les dessins léchés et détaillés, reconnaissables entre tous, de Marlier entrent pour une large part dans sa réussite.
Marlier peint un album en trois à quatre semaines, après avoir durant cinq mois planché sur de nombreuses esquisses. D'où le rythme moyen de plus d'un album par an. Après des jeux vidéo, un dessin animé en 3D est en préparation pour la fin 2011. Cela permettra à un nouveau public de découvrir Martine qui, selon Marlier, «n'est pas sage, mais essaie de bien faire». Une consécration pour ce fils de menuisier et ancien élève de l'École des beaux arts de Saint-Luc à Tournai, qui dès l'âge de 10 ans avait montré un don exceptionnel pour le dessin.
Authors: L'essentiel