> Nicolas Schmit «En fermant les frontières, on tue notre économie»
Jeudi, 12 Mai 2011 18:00

Nicolas Schmit «En fermant les frontières, on tue notre économie»

Nicolas Schmit «En fermant les frontières, on tue notre économie»

L'essentiel: L'annonce de Copenhague de vouloir rétablir les contrôles permanents à ses frontières indigne bon nombre de responsables politiques et d'élus européens. Quelle est votre position à ce sujet?

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Êtes-vous favorables au rétablissement des contrôles permanents aux frontières du Luxembourg?

Nicolas Schmit, ministre de l'immigration: Le document qui nous a été distribué indique clairement que le gouvernement danois a effectué cette proposition après avoir passé un accord avec un parti populiste d'extrême droite. Ce document a donc été établi dans un contexte de campagne pré-électorale qui vise uniquement à jouer sur la peur des électeurs. Je trouve plutôt étonnant que l'un des acquis les plus fondamentaux et les plus essentiels de la construction européenne soit l'objet de tractations politiques nationales.

Et quel est l'argument principal avancé par les Danois pour justifier une telle mesure?

La lutte contre la criminalité. Le seul problème, c'est que les vrais criminels se jouent très bien de ce genre de contrôles. Ce genre de mesure est donc une fausse réponse au problème posé, simpliste de surcroît. Si on veut lutter efficacement contre une hausse supposée de la criminalité, d'autres moyens de lutte existent. Et la coopération internationale entre les services de police est l’une des meilleures à ce jour .

L’argument sécuritaire justifiant une demande de fermeture des frontières au sein des 27 est également entendu au Luxembourg. Quelles en seraient les conséquences concrètes pour le pays?

Si vous voulez tuer notre économie et aggraver encore plus la gestion du trafic au Luxembourg, la fermeture des frontières est la solution idéale. Vous voyez un peu les répercussions de cette mesure sur les quelque 130 000 frontaliers? Tout cela n'est pas sérieux. Cela relève d'arguments de démagogues qui ne proposent que des solutions simplistes qui ne servent qu'à égarer les citoyens.

Derrière cette polémique autour des accords de Schengen se cache la question des bienfaits de l'Europe pour les populations…

Effectivement, les discours positifs sur l'Europe se font de plus en plus faibles. Beaucoup jouent sur les peurs plutôt que de tenter d'apporter de vraies réponses aux questions soulevées. Pour moi, la seule manière de rétablir les valeurs européennes consiste à faire appel à la solidarité et à la coopération entre États. Il faut cesser d'avoir des visées politiques à court terme au niveau national, car cela à des répercussions à long terme au niveau européen.

Le problème ne viendrait-il pas alors du manque de puissance des dirigeants européens par rapport aux chefs d'États et de gouvernements des États membres?

Non, car selon moi, ce sont les dirigeants des États membres qui sont faibles en n'ayant pas de vision européenne à long terme. Tout le défi pour l'Europe consiste à montrer qu'elle maîtrise les difficultés auxquelles sont confrontées les Européens, comme certaines pressions migratoires. En politique, les convictions et l'intérêt général doivent toujours l'emporter.

Propos recueillis par Jean-Michel Hennebert/L'essentiel Online

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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