«L'essentiel»: Quelle est la genèse de «Grand Prix»?
Mark Van Oppen (alias Marvano): Je voulais faire quelque chose sur l'entre-deux-guerres, une période oubliée où les croix gammées et le salut hitlérien n'avaient pas encore les connotations terribles qu'ils ont laissées dans l'histoire. Comme je suis né à Zolder et que j'ai passé ma jeunesse près d'un circuit automobile, j'ai fini par trouver mon histoire en lisant une biographie d'un pilote des années 20.
«Grand Prix T. 2 - Rosemeyer!»
Marvano. Dargaud.
Hitler utilisant les courses automobiles pour incarner le destin de l'Allemagne, c'est du marketing avant l'heure?
Cela y ressemble en tout cas. Il faut se souvenir que l'Allemagne, à l'époque, est limitée par le traité de Versailles. Comme elle ne peut pas faire des moteurs d'avions, elle se rabat sur l'automobile. Avec la compétition, Hitler fait la promotion d'un IIIe Reich audacieux et conquérant, autour d'une marque emblématique comme Mercedes.
Et personne ne s'est aperçu de cette ficelle grossière?
Non, car à ce moment, Hitler est populaire un peu partout dans les grandes capitales européennes. Il est l'homme qui redresse l'Allemagne. Ceux, et ils sont rares, qui le trouvent dangereux sont tenus pour des attardés ou des rigolos.
Pourquoi l'histoire intéresse-t-elle tant l'auteur de BD que vous êtes?
Parce que le monde d'aujourd'hui est né pendant le XXe siècle. Qui veut pouvoir comprendre ce qui se passe de nos jours doit savoir ce qui s'est passé au siècle précédent avec les deux guerres mondiales, l'entre-deux-guerres et la guerre froide. Avant d'être le dictateur chasseur de juifs qu'il a été, Adolf Hitler a été admiré en Allemagne, en Angleterre, en France et même aux États-Unis. Il a d'ailleurs été élu «homme de l'année» par le magazine américain «Time».
Avec une bande dessinée, on peut aussi faire réfléchir...
J'espère bien! C'est un média comme un autre. Et c'est celui avec lequel je m'exprime.
À quand le troisième et dernier «Grand Prix»?
J'y travaille!
Recueilli par Denis Berche
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