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Lundi, 29 Novembre 2010 13:35

Votation en Suisse «La démocratie bute sur la haine des étrangers»

La votation suisse sur le renvoi des criminels étrangers occupe lundi une modeste place dans la presse internationale, à l'ombre des révélations de «Wikileaks» sur la politique américaine. La plupart des quotidiens rappellent les affiches «racistes» de l'UDC et les protestations des associations de défense des droits de l'homme. En revanche, les réactions «Bravo les Suisses» affluent sur Internet, notamment en France.

«Suisse: les criminels étrangers à la porte», titrait lundi

Le Figaro sur un texte très factuel. Le quotidien français évoque «un vote qui suscite déjà de vives réactions d'indignation, un an après l'interdiction de la construction de minarets». Sur son site Internet, il cite en exemple la réaction de «SOS Racisme» qui dénonce une «nouvelle avancée du racisme en Suisse»: «un an après le référendum ayant abouti à l'interdiction des minarets sur son territoire, la Suisse, sous l'impulsion une fois de plus de la très xénophobe UDC (Union démocratique du centre), montre une fois de plus un visage haineux, s'obstinant à voir dans la figure de l'Autre la source de tous les maux réels ou fantasmés de la société». En revanche, les réactions des internautes vont, dans leur écrasante majorité, en sens inverse: «Bravo les Suisses», on les félicite pour leur «courage».

Une «certaine chizophrénie»

«Un an après l'interdiction de construire des minarets en Suisse, c'est une nouvelle victoire électorale qu'enregistre le parti populiste Union démocratique du centre (UDC)», relève Le Monde. Libération a pris la dépêche de l'AFP sous le titre «La Suisse vote pour l'expulsion des criminels étrangers». «La campagne de l’UDC a été de fait soutenue par une débauche d'affiches ouvertement xénophobes dans un pays qui compte 21,7% d'étrangers», rappelle-t-elle. «Ivan S., violeur et bientôt Suisse?, proclamait l'une d'entre elle sur un profil de moustachu musclé à mine patibulaire».

Die Presse à Vienne mentionne une «certaine schizophrénie». D'une part, les meurtriers, cambrioleurs et dealers doivent être expulsé de Suisse. D'autre part, les dictateurs, mafiosi et brasseurs d'affaires, dont l'argent est souvent d'origine douteuse, sont accueillis avec un «Gruezi». Cette mentalité, qui consiste à ne prendre que la cerise sur le gâteau, fait apparaître cette initiative comme un geste effronté, observe le quotidien viennois. La commentatrice de Der Standard considère comme inquiétant que pour la deuxième fois après l'interdiction des minarets, la xénophobie trouve place dans le droit et la loi. «Il se pourrait qu'ici, la démocratie directe a échoué sur la haine de l'étranger», a-t-elle relevé.

Expulsion pour abus d'aide sociale

Le signal des Suisses appelle une réponse, affirme dans un commentaire la Süddeutsche Zeitung, car «les Suisses ont cru pouvoir passer d'un coeur léger sur les accords avec l'UE et les conventions internationales». La communauté européenne est aussi une communauté de droit; elle ne devrait pas accepter qu'un pays, avec lequel elle est étroitement liée, se place aussi délibérément en dehors de cette communauté, estime le quotidien allemand.

«La Suisse vote pour le renvoi», titre la Frankfurter Allgemeine. Le quotidien allemand explique les Suisses ont voté dimanche de dures mesures contre les criminels étrangers. Ils ont soutenu «à une nette majorité une initiative du parti nationaliste conservateur UDC». Die Welt souligne que l'abus de l'aide sociale ou un cambriolage suffit pour faire expulser un étranger et que l'UDC a utilisé une recette éprouvée pour parvenir à ses fins: elle promettait plus de sécurité et une sorte de contrôle sur les étrangers vivant en Suisse.

En Italie, La Repubblica a noté que le projet de la droite populiste a été accepté et résume brièvement les résultats de la votation. The New York Times annonce que la droite a gagné une votation en utilisant l'affiche controversée du mouton noir. Le quotidien américain rappelle que cette affiche avait été condamnée par les associations de défense des droits de l'homme comme un poster raciste. Il cite également le politologue Lukas Golder, de l'institut Gfs.Bern, qui explique que l'UDC a utilisé cette campagne de votation comme un test en vue des élections fédérales de l'an prochain.

Authors: L'essentiel

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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