"Je n'ai jamais voulu apparaître en public mais je n'ai pas le choix", lance l'accusatrice de DSK dans un entretien accordé à la chaîne ABC dont des extraits ont été diffusés lundi matin. Au même moment, Newsweek, sous le titre "Le récit de la femme de chambre", se penche avec force détails donnés par Mme Diallo sur cette fameuse journée du 14 mai.
Dominique Strauss-Kahn arrêté pour agression sexuelle L'affaire DSK expliquéeA l'hebdomadaire, Nafissatou Diallo explique comment un "homme qui m'est apparu fou" a tenté de lui "introduire son pénis dans la bouche". Sur ABC, entre deux sanglots, elle mime la façon dont DSK lui aurait, selon elle, agrippé la poitrine. "J'ai tourné ma tête. Il est venu vers moi et m'a attrapé les seins", dit-elle en touchant sa poitrine. "J'ai dit +arrêtez, arrêtez, je ne veux pas perdre mon emploi. Mais il a continué à me pousser. J'avais tellement peur", ajoute-t-elle.
«Elle cherche à l'image d'une femme pieuse»
En gilet saumon, chemisier blanc et pantalon noir sur ABC, Nafissatou Diallo est grande (1,80 m), soignée, douce. Elle parle couramment anglais, avec un léger accent, gesticule pour illustrer ce qui se serait passé, selon elle, dans la suite 2806 du Sofitel. Dans Newsweek, elle pose pour le photographe l'air inquiet, un peu perdu. C'est que Nafissatou Diallo veut donner l'image d'une femme musulmane pieuse, travailleuse, trahie par les puissants.
"Nous savons que c'est un combat entre David et Goliath, entre les riches de la Terre et la pauvre jeune femme issue d'une famille pauvre", disait ainsi Mamadou Dian Diallo, frère aîné de la femme de chambre de 32 ans, lors d'un entretien accordé en Guinée début juillet. Selon le site Slate, Nafissatou Diallo est la fille d'un commerçant appartenant à l'ethnie peule (40% de la population de Guinée). Elle habiterait aux Etats-Unis depuis 13 ans et serait détentrice d'une carte verte, ce qui lui donnerait le droit de travailler.
Elle vit dans le Bronx, un quartier du nord de New York et élève seule sa fille adolescente. Mais, s'ils ne contestent pas l'origine modeste de Mme Diallo, les avocats de DSK tentent d'attirer l'attention sur des aspects qu'ils jugent bien moins reluisants de la personnalité de la victime présumée de leur client.
«Elle cherche à enflammer l'opinion»
En s'exprimant publiquement une semaine jour pour jour avant la prochaine audience de Dominique Strauss-Kahn à Manhattan, Nafissatou Diallo cherche à "enflammer l'opinion", ont tonné William Taylor et Benjamin Brafman, les deux défenseurs américains de DSK. Elle tenterait, selon eux, d'"exercer une pression sur les services du procureur", Cyrus Vance. Dans leur article consacré à la jeune femme, les deux journalistes de Newsweek notent qu'au cours de l'interview, "à certains moments les larmes (de Mme Diallo) avaient l'air factices".
"+Nafi+ Diallo n'est pas séduisante", écrivent-ils encore, relevant que sa "peau marron claire est parsemée de ce qui semble être de légères cicatrices d'acnée".
Mais c'est surtout son témoignage qui pose problème. Son passé en Afrique de l'Ouest, elle ne le raconte qu'avec "des réponses évasives", souligne Newsweek. Restent les interrogations posées par les fréquentations de Nafissatou Diallo. Les procureurs parlent d'un manque de crédibilité dans certains de ses témoignages à la justice américaine. En cause, notamment, cette conversation téléphonique enregistrée au lendemain des faits présumés avec un détenu en Arizona. "Ne t'inquiète pas. Ce type (DSK) a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais", lui aurait dit Mme Diallo.
Dans Newsweek, Nafissatou Diallo dit ne plus avoir aucun contact avec cette personne, et qu'il aurait utilisé son compte à banque à elle pour faire transiter de l'argent à son insu. "C'était mon ami, je lui faisais confiance", dit-elle, sans plus d'explication.
(L'essentiel Online/AFP)
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