Dans le genre à vous faire perdre le nord, Arno n'est pas mal. Le genre de chanteur à vous prendre par la main ici, un soir, et à vous reposer tout là-bas, au loin, quelques chansons plus tard. C'est ainsi que pour le prix d'un ticket de concert, samedi, le public du 112 a eu droit à un billet d'avion.

Arno aux commandes et son groupe dans la salle des machines avaient bien prévu leur itinéraire, vingt-deux morceaux, vingt-deux escales. Avec décollage obligé depuis «Brussld», titre de son dernier opus.
Le reste du voyage? Arno l'a maîtrisé impeccablement. Capitaine sobre en costard noir, passant entre des nuages de tendresse (à l'évocation de sa grand-mère) et des éclairs de franche rigolade («Allez, tapez dans vos mains ce soir. Vous pourrez vous reposer dimanche en regardant Michel Drucker!»). Et le vol déboussolant de filer des rives du Mississippi («You got to move») pour rejoindre les plages d'Ostende («Les Filles du bord de mer»), en faisant un crochet entre les doux bras de «Lola».

À l'heure des rappels, les 800 passagers étaient au septième ciel, et Arno diablement heureux d'atterrir à Terville, sur une piste recouverte d'applaudissements. Il était 23h passées, et au bar de la salle, c'est autour d'une mousse (même pas belge!) que les voyageurs du soir ont refait le périple, encore un peu déboussolés. Évoquant leurs émotions comme on regarde un album-souvenirs. Arno et son équipage, eux, pliaient bagage, rangeaient le piano bastringue, l'accordéon touchant et les guitares électriques. Avec déjà une autre destination lointaine en vue. Tournée générale!

Patrick Jacquemot