Dominique Strauss-Kahn a invoqué l'immunité diplomatique au moment de son arrestation le 14 mai à l'aéroport JFK de New York, selon un compte-rendu publié jeudi par le procureur de Manhattan. Le compte-rendu, un document de sept pages fascinant mais anecdotique, n'apporte pas d'élément à charge ou à décharge pour l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI).
Publié jeudi par le bureau du procureur, il révèle les conversations que M. Strauss-Kahn a eues - avec la police, surtout - entre le moment où il a appelé l'hôtel Sofitel depuis l'aéroport, pour réclamer un téléphone portable qu'il aurait oublié, jusqu'au lendemain soir, au moment où il a demandé un sandwich dans le commissariat de Harlem où il était entendu.
«Bonjour comment allez vous? J'ai laissé mon téléphone portable dans la suite 2806», dit DSK à la personne responsable des objets trouvés à l'hôtel Sofitel. «Je vais voir, comment puis-je vous rappeler si vous l'avez laissé ici?» «Je vais vous donner un autre numéro», répond l'ancien ministre français.
Les détectives entrent en jeu
Ensuite, l'employé lui dit avoir trouvé le téléphone. «J'ai besoin de savoir où vous êtes pour le faire rapporter», dit-il. «À JFK», répond Dominique Strauss-Kahn. «OK, je peux prendre un taxi et être là dans 40 minutes.» «OK, terminal Air France, porte 4, vol 23», répond DSK.
Puis les détectives entrent en jeu. Dominique Strauss-Kahn leur demande par téléphone, sans doute sans savoir qu'il s'agit de policiers, quand ils comptent arriver avec son portable. Au moment où il est interpellé par le sergent Raymond DiLena et le détective Diwan Maharaj, M. Strauss-Kahn est apparemment dans l'avion. «Que se passe-t-il?», demande l'ancien ministre français. «La police de New York souhaite vous interroger au sujet d'un incident qui s'est produit en ville dans un hôtel», dit le sergent DiLena. A ce moment-là, M. Strauss-Kahn ne répond pas, indique le document.
Le récit se poursuit au commissariat de l'aéroport, où Dominique Strauss-Kahn assure qu'il bénéficie de l'immunité diplomatique. Prié de vider ses poches, de tout poser sur la table, il refuse de l'eau, demande à utiliser les toilettes, et indique qu'il a «un passeport diplomatique». «Où est-il?», demande alors Diwan Maharaj. «J'ai un second passeport», répond M. Strauss-Kahn. «Puis-je parler avec un représentant du Consulat de France? Que se passe-t-il?», interroge ensuite DSK.
«Ces menottes sont serrées»
Selon la retranscription de ces dialogues, le 14 mai à environ 17h00 locales, toujours au commissariat de l'aéroport John F. Kennedy, M. Strauss-Kahn parle avec deux agents. DSK leur demande si les menottes qu'on lui a passées «sont nécessaires». «Oui, elles le sont», lui répond M. Maharaj.
En route ensuite vers le commissariat spécialisé dans les crimes à caractère sexuel à Harlem, DSK dit qu'il doit téléphoner pour avertir qu'il ne sera pas présent à une réunion le lendemain. Le patron du FMI était attendu en Europe pour s'entretenir notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel et discuter de l'aide à la Grèce. Il ajoute: «Ces menottes sont serrées».
Au commissariat, un agent dit à DSK: «Dans ce pays, vous avez le droit (à un avocat, ndlr) si vous le voulez, j'ignore si vous avez un quelconque statut diplomatique». M. Strauss-Kahn lui répond: «Non, non, non, je n'essaye pas d'utiliser cela, je veux juste savoir si j'ai besoin d'un avocat». Réponse du policier: «A vous de décider».
Un peu plus tard, le détective Steven Lane lui demande s'il veut parler. «Mon avocat m'a dit de ne pas parler. J'étais prêt à le faire», rétorque DSK. Après avoir dit le 14 mai à 23h20 qu'il n'avait pas faim, le lendemain matin à 9h00, Dominique Strauss-Kahn demandera d'abord des œufs, puis un sandwich douze heures après, vers 21h20.
(L'essentiel Online/ats)
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