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Friday, 17 June 2011 12:00

Étude auprès des salariés Travailler en open space, un cauchemar?

Étude auprès des salariés Travailler en open space, un cauchemar?

Votre voisin de bureau tient à vous faire partager sa passion du poney, un autre a choisi une sonnerie de portable baptisée «Yodel», tandis qu'un troisième baisse le chauffage dès que vous avez le dos tourné: bienvenue dans le scénario noir du travail en open space! Inventé par deux consultants allemands, les frères Schnelle, à la fin des années 1950, l'open space - ou bureau paysager - n'a cessé de se répandre, mais sans toujours convaincre les salariés qui pointent des problèmes de bruit, de chauffage ou de concentration.

Sondage

L'open space, pour vous, c'est…

Selon Actineo, observatoire de la qualité de vie au bureau, 60% des salariés français ne travaillent plus aujourd'hui dans un bureau individuel et 14% sont dans des open space de plus de quatre personnes. Selon un sondage rendu public fin mai par l'observatoire, si 83% des salariés en bureau individuel disent pouvoir se concentrer, ils ne sont plus que 51% en open space. La satisfaction évolue de façon parallèle, avec 90% de satisfaits en bureau individuel et seulement 63% en open space.

«Énormément de bureaux paysagers sont très mal faits»

Odile Duchenne, directrice générale d'Actinéo souligne que «là où il y a une cristallisation, c'est sur de très mauvais open space qui ont été faits uniquement dans une logique économique». «A force de réduire sur tous les coûts, on en fait un espace infernal (...) finalement l'entreprise est perdante», a-t-elle expliqué. Pour Mme Duchenne, «en dessous de 15 m2 par individu, on n'a plus cette notion d'espace vital», mais dans les faits, c'est plutôt 10 à 12 m2 et jusqu'à 7 ou 8 dans les cas extrêmes.

Mais l'open space a aussi ses avantages, selon des experts qui mettent en avant la convivialité, le partage d'information, les gains d'espace et surtout de coût. Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et psychologue du travail, estime qu'en plus de la «rationalisation des mètres carrés», l'open space a «un avantage énorme, c'est qu'il met tout le monde à peu près au même niveau d'information». Et «le travail sur écran le rend de plus en plus supportable», parce qu'il «permet de ne pas voir celui d'en face» et qu'on y recrée sa «bulle privative». Mais, dit-elle, «énormément de bureaux paysagers sont très mal faits», certains ayant «les gens qui arrivent dans le dos, qui lisent leur écran», un facteur «insupportable».

«Pression du groupe sur l'assiduité, la performance, les tâches traitées»

Elle souligne que depuis quelques temps, les entreprises créent de plus en en plus «des bulles, des aquariums, des cahutes», autant d'appellations désignant des espaces pour s'isoler. Reste que pour Thomas Zuber, co-auteur du livre à succès «L'Open Space m'a tuer» (Hachette, 2008), «l'open space fabrique énormément de conformisme social», car «tout le monde surveille tout le monde». «Par exemple, si quelqu'un part à 18 heures, on lui dit «Ah, tu prends ton après-midi?» Donc les gens vont d'eux-mêmes rester tard», a expliqué ce trentenaire qui donne des cours à Sciences Po sur les méthodes de management.

Un consultant de 35 ans a confirmé «qu'il y a une sorte de pression du groupe sur l'assiduité, la performance, les tâches traitées. C'est un avantage pour le management qui peut du coup être réduit.» Pour les désespérés de l'open space, certains ont inventé des parades comme des casques réducteurs de bruit, des filtres empêchant les badauds de voir le contenu de l'écran, ou préconisent de bâtir des piles de dossiers pour s'isoler. Sur internet, on trouve même... des rétroviseurs pour écran.

(L'essentiel Online/AFP)

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Last modified on Tuesday, 30 November 1999 01:00
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