Les relations entre l’État et l’Église au Luxembourg méritent-elles une réforme? C’est l’enjeu du débat parlementaire de ce jour. Taina Bofferding, présidente des Jeunesses socialistes luxembourgeoises (JSL), en semble convaincue: «Nous ne sommes pas comme nos grands-parents, les partis des jeunes ont une approche différente du sujet, on se pose réellement la question si le système en place correspond encore aux besoins de l’époque actuelle».
L’argent public luxembourgeois consacré au clergé Près de 20 millions d’euros sont consacrés chaque année au clergé par le budget de l’État. Les communes aussi contribuent aux besoins financiers du clergé, pour l’entretien des bâtiments de culte notamment. Certaines estimations vont jusqu’à avancer le chiffre de 80 millions d’euros d’argent public versés à l’Église catholique, mais il n’existe aucune source officielle pour confirmer ou infirmer ces derniers chiffres.La Jeunesse démocrate et libérale du Luxembourg (JDL) défend une position très arrêtée sur le sujet présentée par Laurent Heisten: le Grand-Duché doit être laïque, avec toutes les conséquences que cela engage. Le clergé ne doit plus être financé par l’État, la catéchèse doit faire place à des cours pluralistes de religions et d’éthique, et le Te Deum de la fête nationale remplacé par une fête laïque.
Des églises vides transformées en boîte de nuit?
Serge Wilmes, président de la Chrëschtlech Sozial Jugend Luxemburg (CSJ), est également d’avis que la relation État/Église au Luxembourg mérite débat: «On peut réfléchir à la reconversion de lieux de cultes désaffectés en espaces culturels, les transformer en restaurant ou en discothèque par exemple. La discussion peut également porter sur le financement du clergé par l’État: si un fonctionnaire voit son salaire réduit, il doit en être de même pour le curé» précise le jeune chrétien-démocrate.
«L’Église catholique a beaucoup de privilèges et possède un certain monopole statutaire. Ceci aussi, parce que l’Église au Luxembourg annonce un nombre de fidèles qui ne correspond pas à la réalité: il y a tellement de gens baptisés qui ne se rendent jamais à l’Église» critique Gina Arvai des Jonk Gréng.
Impôts ou dons?
Et comment l’Église peut-elle se financer sans l’argent public? «Les communautés religieuses doivent subvenir à leurs propres besoins comme le font les associations culturelles ou sportives» déclare Taina Bofferding, des JSL. Gina Arvai s’inspire du système italien: «En Italie le contribuable décide lui-même si ses impôts sont reversés au clergé ou à des organisations non gouvernementales».
Pour le président des CSJ ces alternatives sont inacceptables : «Donner le droit à chaque individu de décider lui-même de ce qu’il adviendra de ces impôts va contre l’esprit de solidarité d’une société, c’est égoïste».
Enseignement religieux
Les écoles luxembourgeoises proposent le choix entre des cours d’enseignement moral et le catéchisme. «Une solution qui donne le choix», souligne Serge Wilmes, «une possibilité qui divise», répondent les Jonk Gréng et les JDL qui préfèrent voir les jeunes de confession différentes fréquenter les mêmes cours pluralistes de religions et d’éthiques où les jeunes peuvent débattre ensemble des questions de conscience et de morale.
Lorsqu’on demande aux jeunes représentants de la scène politique luxembourgeoise si la relation entre l’État et l’Église intéresse les jeunes, la réponse est souvent «non». Et pourtant de nombreuses législations concernant le quotidien et les préoccupations des jeunes sont influencées par la culture chrétienne comme l’indique Gina Arvai des Jonk Gréng : «La loi sur l’avortement intéresse beaucoup les jeunes, mais dans le même temps ils ne se rendent pas compte que leurs parents financent l’Église. Il y a un manque de connaissance du sujet et un manque de transparence aussi.»
sb/L’essentiel Online
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