L'essentiel Online: «Hanna», le deuxième film auquel vous participez, réalisé à Hollywood, est sorti sur les grands écrans luxembourgeois la semaine passée. Comment-a-t-il été reçu? Est-ce que vous percevez les premières réactions des spectateurs au pays?
Vicky Krieps: Pas grand-chose pour le moment. Juste les premières impressions après la présentation officielle du film à Berlin, où des spectateurs m’ont dit avoir apprécié ma coiffure style «Punk», cela me va bien, paraît-il.
Vous avez tourné avec Cate Blanchett qui tient le rôle principal dans «Hanna». Comment cela se passe-t-il avec une star sur un tournage?
Elle ne s’est pas du tout comportée comme une star sur le plateau, mais comme une grande professionnelle. Comparé à certains jeunes acteurs allemands on peut même dire qu’elle garde la tête sur les épaules. Elle est vraiment très accessible. Je n’oublierai jamais la scène où elle me tue dans le film. Elle est venue exprès pour moi sur le plateau en Finlande pour tourner la scène alors qu’il faisait –30 degrés pour que je ne sois pas obligée de donner la réplique dans le vide. J’ai trouvé cela très impressionnant comme attitude, surtout parce que je ne suis qu’une débutante. D’ailleurs je m’interroge encore souvent si je dois continuer ma carrière d’actrice et poursuivre dans ce milieu un peu particulier. De ce point de vue cela a été important pour moi de voir qu’il y a encore des gens normaux à Hollywood, qui pratiquent leur métier de façon consciencieuse.
Cette année le grand public vous a découvert dans «Tatort», vous avez ensuite tourné à Hollywood pour «Hanna» et vous avez également participé au tournage de «Les Arpenteurs du monde», qui sortira avant la fin de l’année. 2011 marque votre grande percée?
Le 11 est mon chiffre porte-bonheur, cela serait donc assez logique. Plus sérieusement, au niveau personnel la grande année a plutôt été 2010, c’est là que j’ai tourné tous ces films. Quand je disais á mes amis que je tournais à Hollywood, personne ne comprenait vraiment bien ce que je voulais dire. Maintenant, après le passage de «Tatort» et la sortie du film «Hanna» c’est différent. Tout d’un coup ma famille me dit qu’elle est touchée de me voir à l’écran. Au théâtre c’est différent, là les réactions sont immédiates et personnelles.
Vous dites que vous ne vouliez pas devenir actrice. À la vue du succès que vous remportez, on a l’impression que vous vous êtes sous-estimée...
Non... Je n’étais vraiment pas sûre. De mon choix. Et je continue de m’interroger. Je ne rêvais pas à 16 ans d’une carrière d'actrice. Après une année sociale en Afrique du Sud, j’ai déposé un dossier de candidature à l’école d’actrice/acteur de Zurich. Je me disais que cela me servirait de toute façon, quel que soit le métier pour lequel je me déciderais. Mais je dois aussi admettre que quelque chose me poussait vers le cinéma.
L’artiste luxembourgeois Serge Tonnar a critiqué la jeune scène culturelle luxembourgeoise qui, selon lui, se tourne trop souvent vers Berlin en délaissant le Grand-Duché. Vous qui vivez à Berlin, vous vous sentez concernée par ces propos?
Je ne voulais pas aller à Berlin pour faire carrière. Après mon engagement pour un théâtre pour enfants, je continuais à recevoir des propositions. Peut-être que j’étais tombée sur la bonne agence. De toute façon j’étais donc à Berlin et j’avais du travail. C’est seulement à ce moment que j’ai réalisé que pour les autres c’est le contraire: ils veulent venir à Berlin pour obtenir des contrats, et n’y parviennent pas forcément.
Vous songez à revenir au Luxembourg?
Posez-moi cette question dans une dizaine d’années. Je ne veux pas limiter mes engagements à des productions luxembourgeoises juste parce que je suis originaire du pays. Actuellement je ne sais même pas s’il y aurait du travail pour moi. Il m’arrive de participer à différents projets, actuellement je travaille avec Andy Bausch. Mais je ne reviendrai pas à tout prix au Grand-Duché.
Vous pouvez vous permettre de choisir vos engagements?
Il y a des choses que je ne ferai en aucun cas, comme par exemple «La Croisière s’amuse». Le jour où je ne pourrai plus me permettre de choisir mes rôles il me faudra le courage de me remettre en question et alors oser autre chose que le métier d’actrice. Je veux éviter de m’engager dans un cul-de-sac.
Quels sont vos projets pour les prochains mois?
Nous venons de boucler le tournage pour «Formentera», que nous avons produit sur l’île du même nom. Je fais partie du casting du prochain film d’Andy Bausch et on me verra dans «Les Arpenteurs du monde», de Detlev Buck, en automne. Je participe également à quelques productions françaises au Luxembourg et je me suis engagée pour quelques petits projets, dont je ne peux pas encore dire grand-chose.
Vous avez encore le temps pour du théâtre et pour votre accordéon?
Jouer de l’accordéon, c’est en fait ce qui me manque le plus. Je ne jouais pas de façon professionnelle, mais pour me faire plaisir. C’est important de trouver plusieurs voies pour exprimer sa créativité. J’ai mon bébé aussi, qui m’ancre bien les pieds sur terre.
Le métier d’actrice vous permet d’être mère?
Si une jeune femme a un enfant elle doit tout faire deux fois plus vite que les autres pour être en mesure de suivre la cadence. Si on le veut vraiment c’est possible. Nous avons plus d’énergie que nous le pensons.
Propos recueillis par Sarah Brock/L'essentiel Online
Bande-annonce «Hanna»:
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