Didier Migaud, premier président de la Cour, a remis en fin d'après-midi à Nicolas Sarkozy le troisième rapport annuel de son institution sur la gestion des dépenses présidentielles. Et, comme ils l'avaient fait pour la gestion 2009, les Sages de la rue Cambon ont à nouveau décerné un bon point. La remise en ordre de l'an passé intervenait après un rapport 2008 qui avait fait polémique à cause du contrat «très succinct» (selon la Cour) accordé pour la fourniture d'enquêtes d'opinion au cabinet Publifact de Patrick Buisson, proche de Nicolas Sarkozy.
Pour 2010, «l'évolution des comptes des services de la présidence de la République atteste d'une réduction des coûts de fonctionnement de ces services», salue Didier Migaud, dans ce rapport qui dresse également un bilan des progrès accomplis depuis 2008, date depuis laquelle la Cour exerce son contrôle sur l'Élysée. «Ce résultat est le fruit d'une gestion conduite selon des procédures plus rigoureuses et de pratiques mieux maîtrisées que par le passé. Il reste que des améliorations devront continuer à être recherchées tant du côté de l'allégement des charges que de la transparence des coûts», souligne-t-il.
À l'Elysée, les charges de fonctionnement courant ont diminué en 2010 de 11,3% par rapport à l'exercice précédent, notamment grâce au «transfert au ministère de la Culture» de résidences anciennement utilisées par la présidence, et à «la suppression en 2010 des chasses présidentielles et de la garden party du 14 juillet», qui coûtait 700 000 euros. Plusieurs autres postes enregistrent des économies par rapport à 2009: locations immobilières (-21,8%), déplacements, missions et réceptions (-11%), frais postaux et de télécommunication (-40%). Le rapport note aussi que les dépenses de communication (incluant les dépenses en études et sondages) ont été ramenées d'environ 3,28 millions d'euros en 2008 à 1,45 million d'euros en 2010. «La mise en concurrence des fournisseurs, à peu près inexistante jusqu'en 2008, est devenue la règle».
L'airbus de Sarkozy a coûté 259,5 millions d'euros
En définitive, même si les charges de personnel ont progressé de 0,9% par rapport à 2009 (alors que le chef de l'État avait assigné l'objectif d'une baisse annuelle de 3% de ces charges, rappelle le rapport), la masse salariale a fait l'objet d'un «strict contrôle». Et grâce à des réformes d'allègement des coûts de gestion des services, les dépenses de la présidence ont été «réduites de 113,6 millions d'euros à 112,2 millions d'euros entre 2008 et 2010». Mais pour la Cour des comptes, «quelques secteurs peuvent encore générer des économies et les coûts doivent encore gagner en transparence». Parmi les domaines visés, la non-facturation «au coût réel» par le ministère de la Défense, des heures de vol effectuées lors des déplacements présidentiels ou le manque de transparence sur la participation financière des journalistes dans les déplacements.
«Des économies pourraient encore être réalisées» dans les déplacements présidentiels de brève durée, ou sur le coût élevé de l'Arbre de noël de l'Élysée (335 000 euros), est-il souligné. Le député René Dosière (app. PS), grand scrutateur du train de vie de l'État, a estimé que le cru 2010 de la Cour des comptes ne montrait «pas encore un budget vérité», assurant qu'un sixième des dépenses présidentielles «continue à être supporté par différents ministères».
Concernant le nouvel Airbus présidentiel, livré fin 2010, l'élu a fait remarquer «le coût final» dévoilé par la Cour des comptes, à savoir 259,5 millions d'euros, soit plusieurs dizaines de millions d'euros de plus que le coût prévu initialement. «Il apparaît ainsi que les informations jusqu'ici fournies étaient incomplètes».
(L'essentiel Online/AFP)
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