Pour de ce qui est de la transposition dans la législation luxembourgeoise, le ministre estime avoir du temps, puisque le Luxembourg, comme tous les pays de l'UE ont jusque fin 2013. «Nous allons mettre en place un groupe de travail pour transposer la directive le plus rapidement possible de façon concertée».
«Le principe de la directive est complètement dans les mœurs des résidents luxembourgeois, indique Claude Schummer, président de l'Association des médecins et des médecins dentistes du Luxembourg, contacté mercredi matin par L'essentiel Online. Avec pas moins de 17 000 opérations autorisées par la Caisse nationale de santé (CNS) en 2010, plus toutes les consultations réalisées à l’étranger, nos patients sont habitués à se rendre de l'autre-côté de la frontière pour se faire soigner. Et ce, à la différence des Allemands, des Belges ou des Français. Cette loi européenne va donc surtout changer les choses pour eux.»
Amélioration du paiement et des remboursements
La directive autorise ainsi tous citoyens ressortissants des pays des 27 à traverser les frontières pour, par exemple, passer un examen médical, consulter un spécialiste ou se faire opérer. Objectif: éviter un temps d'attente trop long dans leur propre pays. Mais attention, le projet concerne exclusivement les soins prévus et programmés à l'avance, et non pas ceux dispensés en urgence.
«Concrètement, le texte va améliorer le paiement et le remboursement des actes réalisés à l'étranger, indique René Pizzaferri, président de la Patiente Vertriedung, contacté mercredi par L'essentiel Online. Si un résident luxembourgeois se fait opérer des yeux au laser ou se fait opérer des varices en France ou en Allemagne, ce sera sur la base de la nomenclature de la CNS qu'ils seront remboursés.» En effet, tous les patients européens soignés dans un autre pays membre le seront en fonction des législations en vigueur dans leur pays.
«Les politiques ont botté en touche»
À noter que pour le Luxembourg, cette directive pourrait avoir, selon l'AMMD, des conséquences profondes sur le fonctionnement même du système de santé. «Cette directive est une bonne chose mais elle soulève plusieurs questions, souligne Claude Schummer. Tout d'abord celle de savoir si nos infrastructures sont prêtes à accueillir ce surplus potentiel de patients, mais aussi de réfléchir à une modification de notre législation médicale.»
«Car le texte place de fait les médecins luxembourgeois en concurrence avec ceux des trois pays frontaliers quant aux actes médicaux et à leur remboursement. Sur ces points, le Luxembourg n'est pas prêt car les politiques ont toujours botté en touche», affirme le président de l'AMMD.
Jean-Michel Hennebert et Sarah Brock/L'essentiel Online
Authors: L'essentiel