Mardi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a rappelé à l'ordre les chaînes, les enjoignant «à la plus grande retenue dans la diffusion d'images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale». «Ce serait hypocrite de pas diffuser ces images publiques qui ne sont pas les nôtres», a réagi d'emblée le directeur général de BFM TV, Guillaume Dubois. «On a diffusé des images qui existaient, on ne les pas créées. Il ne s'agit pas d'une quelconque affaire de piratage ou de vol d'images», a-t-il dit ajouté.
«Nous ne respectons pas la loi, mais le devoir d'information nous impose de diffuser ces images», a renchéri Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions. La loi Guiguou du 15 juin 2000 a renforcé la protection de la présomption d'innocence en incriminant la diffusion de l'image d'une personne menottée. «Deux raisons nous ont poussé à diffuser ces images: d'abord ce qu'elles racontent du système policier et judiciaire américains, différent du système français», argumente M. Thuillier. «Ensuite, ce qu'elles disent de l'état physique et psychologique de DSK», ajoute-t-il estimant avoir vu «à ce moment-là quelqu'un au regard décidé, combatif». Rien qui ne porte atteinte à la dignité humaine, selon lui.
«L'important c'est de se poser la question»
«Ces images tournées par des chaînes américaines sont diffusées mondialement. Je ne vois pas comment passer outre à ce fait majeur. Si la loi s'applique aux médias français, elle devrait s'appliquer aux câblodiffuseurs, aux satellites qui permettent aux téléspectateurs français d'aller voir CNN, BBC world etc.», insiste-t-il. Même point de vue chez BFM TV. «À partir du moment où ce sont des images publiques dans un pays qui n'est pas régi par les mêmes règles que nous, la question de leur diffusion ne se pose pas. Mais il y a l'antenne qui est un lieu de débat où l'on peut en parler», soutient Guillaume Dubois. «Le droit à l'information était applicable, car ces images recelaient des informations», fait valoir Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1.
«Comment arbitrer dans un contexte très particulier avec des images qui sont diffusées dans le monde, entre cette nécessité d'informer et le respect de la personne humaine de l'autre?», observe pour sa part Jérôme Bureau, directeur de l'information de M6. «Il n'y a pas une réponse unique, entre tout montrer ou ne rien montrer. L'important c'est de se poser la question».
«La situation est intenable»
Reste que pour Thierry Thuillier, «la situation est intenable». «Est-ce que cette loi reste et peut être applicable en l'état, n'y-a-t-il pas un débat à ouvrir avec beaucoup de sang froid sur son application et ses limites?», s'interroge-t-il.
Quant à d'éventuelles poursuites contre les médias diffusant des images de DSK menotté, à France 24, on se déclare "serein". «Si des images montraient des menottes, ont les auraient soit coupées, soit floutées», assure Jean Lesieur, le directeur de l'information. Les images, qui ont fait le tour du monde, montrent DSK entravé dans le dos, tenu par des policiers en civil, à la sortie d'un commissariat de Harlem. Mais les menottes elles-mêmes ne sont pas visibles. Accusé de tentative de viol, de séquestration et d'agression sexuelle par une employée d'hôtel, Dominique Strauss-Kahn a passé sa première nuit dans la prison de Rikers Island à New York.
(L'essentiel Online/AFP)
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