La presse russe s'indignait pour sa part d'une tragédie «ordinaire» pour la Russie, dénonçant les négligences, la corruption, et le mépris des règles de sécurité qui font se succéder les drames dans le pays. Ni le président Dmitri Medvedev, qui a décrété une journée de deuil national ni le Premier ministre Vladimir Poutine, ne se sont rendus sur les lieux du drame où continuent les opérations pour récupérer les corps. «Les plongeurs ont atteint la pièce où se trouvaient les enfants et cinq corps ont été remontés», a indiqué Svetlana Lebedeva, porte-parole de la branche régionale du ministère des Situations d'urgence du Tatarstan, république russe où s'est produit le drame.
Le bilan, non encore établi, devrait s'élever à plus de 120 morts. Une trentaine d'enfants se trouvaient au moment du naufrage dans cette pièce, une salle de musique où ils avaient été rassemblés quelques instants auparavant pour une animation. Selon le dernier bilan communiqué par le ministère des Situations d'urgence, 73 corps ont été remontés dont 11 d'enfants. Les autorités russes ont reconnu, dès lundi, qu'il n'y avait «pratiquement aucune chance» de retrouver des survivants dans l'épave. La presse russe parlait mardi de plus de 120 «morts».
Entre 205 et 208 passagers étaient à bord du bateau de croisière Boulgaria, construit en 1955 en Tchécoslovaquie, qui a sombré dimanche à trois kilomètres de la rive la plus proche dans un immense bassin de retenue de la Volga, le grand fleuve de la Russie occidentale. Selon le dernier bilan, 79 personnes ont pu être sauvées par des embarcations venues à la rescousse. Le ministre russe des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, a annoncé que le renflouage du Boulgaria devait commencer samedi.
«Des conditions ordinaires pour la flotte fluviale russe»
À Kazan, capitale du Tatarstan, des habitants ont allumé des cierges en hommage aux victimes de la pire catastrophe d'un bateau de croisière fluvial en Russie depuis l'époque soviétique. «La catastrophe qui a coûté la vie à plus de 100 personnes, dont un tiers sont des enfants, s'est produite dans des conditions ordinaires pour la flotte fluviale russe», observait mardi, le quotidien Kommersant. «Des dizaines de bateaux de passager vétustes naviguent sans licence alors qu'ils sont surchargés, penchent d'un côté et ont des moteurs en panne», poursuit le journal en énumérant les violations révélées dès lundi par le parquet général russe dans ce naufrage.
Le bateau Boulgaria «est parti en croisière avec des anomalies flagrantes dues à la corruption et à l'irresponsabilité», estime lui aussi le quotidien économique Vedomosti. Le quotidien populaire Tvoï Den, citant des témoins, révèle que les sorties de secours étaient soit fermées soit soudées, piégeant des dizaines de passagers.
«C'est absurde et idiot qu'un bateau coule au milieu du fleuve un jour d'été parce que les règles de sécurité les plus élémentaires ne sont pas respectées», accuse le quotidien populaire Moskovski Komsomolets (MK). «Un idiot a laissé partir le bateau défectueux, un autre n'a pas transmis les prévisions météo au navire, un troisième l'a surchargé, un quatrième a fait une fausse manœuvre, un cinquième ne s'est pas arrêté pour sauver les naufragés», écrit MK, qui qualifie le drame de Boulgaria de «meurtre de masse».
(L'essentiel Online/AFP)
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