L'option d'une telle réunion vendredi pour frapper fort et apaiser les marchés financiers, alors que l'Union monétaire vacille sur ses fondements douze ans après sa création, avait filtré mardi. Mais il est apparu mercredi qu'elle ne faisait pas encore l'unanimité parmi les capitales, l'Europe replongeant dans la cacophonie et l'indécision sur le sujet. Le gouvernement allemand a assuré ne rien savoir d'une telle initiative. Il n'y a pas «de projet concret de sommet» extraordinaire, a assuré une porte-parole à Berlin, laissant transparaître le peu d'enthousiasme de l'Allemagne.
Au même moment, la Commission européenne a pourtant confirmé des discussions sur le sujet. «Cela fait partie des choses dont le président (José Manuel Barroso) discute avec M. (Herman) Van Rompuy», le président de l'UE, à qui revient la décision finale, a déclaré la porte-parole de l'exécutif européen, Pia Ahrenkilde. Et à Paris, la France s'est dite aussi favorable sur le principe. «Le président (Nicolas Sarkozy) a rappelé que la France a toujours soutenu l'organisation de réunions de l'Eurogroupe en cas de besoin», a déclaré la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, en rendant compte du conseil des ministres.
Dans ce contexte, le porte-parole de Van Rompuy a fait savoir que si le sommet n'est «pas exclu», la réunion «n'est pas encore décidée» et qu'une décision sera prise «en temps voulu». Selon une source diplomatique, «l'incertitude est liée au fait que les dirigeants européens veulent être sûrs d'en sortir avec quelque chose de consistant». Or, ils peinent toujours à surmonter leurs clivages sur le problème à l'origine de la récente poussée de fièvre dans la zone euro: la finalisation d'un deuxième programme de prêts promis à Athènes pour mettre le pays à l'abri jusqu'à mi ou fin 2014 et lui éviter la banqueroute.
Un accord sur l'objectif mais pas sur les moyens d'y parvenir
L'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande notamment exigent qu'on fasse contribuer cette fois les banques créancières de la Grèce, condition nécessaire à leurs yeux pour que leurs opinions publiques nationales acceptent de nouveaux prêts. La Banque centrale européenne (BCE), la France ainsi que tous les pays en difficulté de la zone euro redoutent que cela n'alimente la contagion. «Il y a un accord sur l'objectif, il n'y a pas encore un accord sur les moyens d'y parvenir», a reconnu le président de la Banque européenne d'investissement (BEI), Philippe Maystadt. Les partisans d'une méthode forte sur la contribution des banques, quitte à ce que cela déclenche un défaut de paiement partiel de la Grèce, sont de plus en plus nombreux.
Mais le sujet ne fait pas encore l'unanimité, car un tel défaut fragiliserait le système bancaire européen et la BCE, qui détiennent des dizaines de milliards d'euros de dette publique grecque. Le temps presse. Après le début de contagion de la crise à l'Italie et l'Espagne en début de semaine, l'agence de notation Moody's a enfoncé le clou mardi soir en abaissant d'un cran la note de la dette de l'Irlande, considérée désormais comme un investissement «spéculatif» et donc à très haut risque. Une décision qualifiée d'«incompréhensible» par Bruxelles.
(L'essentiel Online/AFP)
Authors: