«Tout ça pour ça!»
Sobre dans son expression, parfois austère, cet homme de 56 ans, au physique de notable de province, a réussi à imposer son propre style, à l'ombre de l'«hyperprésident» Nicolas Sarkozy. Il fut le premier, à droite, à assumer la mise en oeuvre d'une politique de rigueur économique.
«Tout ça pour ça! Est-ce que ça valait la peine d'organiser ce feuilleton ridicule pendant près de six mois pour arriver à maintenir ce qui est déjà en place, c'est la question que tout le monde se pose», a réagi le socialiste Jean-Marc Ayrault. «C'est l'aveu de faiblesse de Nicolas Sarkozy. C'est un président qui est en difficulté (...) qui a cherché une solution pour rebondir et qui finalement n'y arrive pas», a dit à la chaîne BFM-TV le chef de file des députés socialistes.
Juppé de retour ?
Le chef de l'État, en pleine crise de confiance avec les Français après l'adoption au forceps d'une douloureuse réforme des retraites, espère avec ce remaniement trouver un nouveau souffle, à un an et demi de la fin de son mandat. La décision de reconduire François Fillon a été prise après des mois d'hésitations. Le chef de l'État avait d'abord songé à nommer une femme. Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Justice, était donnée favorite. Puis il avait pensé à un centriste, pour donner une coloration plus sociale à son action. Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo se préparait à la fonction. Pour lui, la déception est à la hauteur de son ambition déçue. Le ministère des Affaires étrangères lui aurait été proposé, en remplacement de Bernard Kouchner, l'ex-French doctor, donné partant presqu'à coup sûr.
Le nouveau gouvernement doit être resserré avec 26 membres (ministres et secrétaires d'État) contre 37 actuellement, selon une source gouvernementale. Forte de la reconnaissance de ses pairs étrangers, Christine Lagarde cherche à se maintenir au ministère de l'Économie, mais elle aussi est citée pour les Affaires étrangères. Les deux portefeuilles sont stratégiques, alors que la France a pris vendredi la présidence annuelle du G20, en pleine «guerre des monnaies», et qu'elle assumera à partir de janvier celle du G8. Seule quasi-certitude, l'ancien Premier ministre Alain Juppé a indiqué lui-même dès samedi qu'il entrerait au gouvernement. À 65 ans, le portefeuille de la Défense semble promis à ce fidèle de l'ex-président Jacques Chirac.
(L'essentiel Online/AFP)
Authors: L'essentiel