Au milieu de son appartement trône sa dernière création, une robe noire brodée d’or tout droit sortie du jeu vidéo «Rohan». «Elle se nomme «Dragon noir». On ne peut l’obtenir (ndlr: dans le jeu) qu’à un niveau très avancé. J’ai joué trois mois avant de découvrir le modèle!» Nolanne est cosplayer, c’est-à-dire adepte de réunions où les participants revêtent des costumes de personnages fictifs qu’ils ont confectionnés eux-mêmes. Prochain rendez-vous? Ce week-end à Lausanne, pour Polymanga.
Les cosplayers japonaises «Se costumer est libérateur» TEMOIGNAGE. «Pour ma première participation à Polymanga, l’an dernier, j’avais conçu le casque des Daft Punk», explique Stylouz, cosplayer genevois. «Travaillant dans la finance, j’ai besoin d’échappatoire. C’est très libérateur de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre. Les idées, la confection, ça prend du temps, mais le résultat en vaut la peine. Et je reviens en lice cette année. Je ne dévoile pas encore mon idée, mais vous allez apprécier!» Du travail de haute couture Reproduire à la perfection le costume d’un personnage fictif, c’est une gageure qui laisse le péquin pantois. Depuis cinq ans que Nolanne s'est mis au cosplay, elle a développé son style. Sa première création depuis fut la réplique de l'uniforme d’Emeraldas, tirée d’«Albator» (photo). Chaque ensemble demande des recherches minutieuses, quitte à modifier un élément, «car sur le dessin, il fait trois centimètres de plus». Autodidacte, elle sculpte, coud, brode... jusqu’à 2km de fil d’or pour la robe de «Rohan». Maintenant, elle aimerait lancer sa ligne «gothique élégant».«Le cosplay est souvent associé au manga, car c’est par le Japon qu’il s’est fait connaître ici, explique Nolanne. Mais en fait, le genre est né aux Etats-Unis dans les années 1970, avec des fans de «Star Trek» et «Star Wars» se réunissant lors de conventions. La jeune femme insiste sur le terme «costume», et non «déguisement». Le but du concours (car concours il y a) est de faire tout soi-même. «Il y a deux écoles, précise Stylouz, de Genève: l’américaine exige que tout soit fait main, tandis que l’asiatique a pour but de reproduire le personnage à l’identique. Il arrive donc aux Orientaux d’acheter des costumes existants.»
Cette passion du détail fait-elle d’eux des geeks? «Pas du tout, rigole Nolanne. Je mène une vie des plus normales. C’est drôle, d’ailleurs d’être très sollicitée durant les conventions et ignorée dans la rue le reste du temps!» Elle sera bien sûr à Polymanga, en tant que jurée du concours. Saurez-vous la reconnaître?
Débarquement en force du Japon
Après un préambule en guise de soutien aux victimes du tsunami du 11 mars, le programme de Polymanga promet d’en faire vibrer plus d’un. A côté des nombreux illustrateurs présents, la manifestation propose une expérience: une chaîne de dessins à la manière cadavre exquis. Sans oublier le concours de cosplay (le gagnant ira représenter la Suisse à Paris), des projections de films d’animation (dont «Summer Wars» et «Monster») et des concerts. Banzaï!
L'essentiel Online avec Stéphanie Billeter
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