Le conditionnel reste de mise: "DSK" démissionnerait de son poste d'ici au 13 juillet s'il briguait l'investiture du Parti socialiste. Mais le FMI et son directeur général ont beau esquiver toute question sur le sujet, les préparatifs d'un retour à Paris sont de plus en plus voyants. Depuis quelques semaines, la presse du monde entier spécule moins sur la question du départ du directeur général du FMI que sur le nom de son remplaçant. Celui de l'ancien premier ministre britannique Gordon Brown circulait depuis une défaite électorale il y a un an.
DSK toujours premier des sondages Nicolas Sarkozy serait battu par tous les candidats socialistes si le second tour de l'élection présidentielle se déroulait dimanche prochain et ne l'emporterait que face à Marine Le Pen, selon un sondage Ifop pour Paris Match et Europe 1 diffusé mardi. Pour le premier tour, les intentions de vote en faveur du président sortant oscillent en 20% et 22,5%, soit en moyenne dix points de moins que son score du premier tour de la présidentielle de 2007 (31,18%). Au second tour, Nicolas Sarkozy (39%) serait battu de 22 points par Dominique Strauss-Kahn (61%), de 12 points par François Hollande (44%-56%), de dix points par Martine Aubry (45%-55%), de deux points par Ségolène Royal (49%-51%). S'il affrontait Marine Le Pen, il l'emporterait avec 46 points d'avance (73%-27%).Son successeur David Cameron en a d'ores et déjà écarté l'idée: "Il est peut-être temps d'avoir un candidat d'une autre partie du monde" que l'Europe, a-t-il dit sur BBCle 19 avril, évoquant "la montée de l'Inde, de la Chine et de l'Asie du Sud-Est". Il donnait ainsi du crédit à une hypothèse qui revient avec insistance: le prochain directeur général devrait venir d'Asie, continent qui représente aujourd'hui plus de 35% de l'économie mondiale, contre moins de 25% il y a un quart de siècle. L'Europe monopolise le poste depuis 1946, avec le soutien des Etats-Unis, premier actionnaire.
D'après le Canard Enchaîné, la Chine et l'Inde font campagne auprès de Washington. Mais les Etats-Unis veulent d'abord savoir si M. Strauss-Kahn part ou non. "Il y a des noms qui circulent", indique Eswar Prasad, professeur d'économie à l'université américaine de Cornell et fonctionnaire au FMI entre 1990 et 2006. Il confirme que ces deux puissances émergentes sont au coeur des discussions.
La presse indienne parle de deux hommes qui chercheraient à se placer comme candidat officiel de New Delhi: le gouverneur de la banque centrale Duvvuri Subbarao, et le directeur adjoint du Commissariat au Plan Montek Singh Ahluwalia. Ce dernier "fait partie des quelques personnes qui ont une stature internationale", indique M. Prasad, ancien conseiller du gouvernement indien. Pékin, qui prépare pour 2012 un renouvellement de ses dirigeants, n'a pas avancé de candidat. "Il sera intéressant de voir la réaction des Etats-Unis si la Chine pousse pour obtenir la direction du FMI", note l'économiste. Il imagine un compromis où la Chine obtiendrait, à côté des Etats-Unis, un poste de premier directeur général adjoint.
Un tel compromis pourrait profiter au président du Comité monétaire et financier international (CMFI), l'instance qui décide des orientations politiques du FMI, Tharman Shanmugaratnam, ministre des Finances de Singapour. "Il a toutes les qualités demandées: il est Asiatique, il a la crédibilité, et il plairait au secteur financier et aux Etats-Unis", remarque M. Prasad. "Il y a plein de gens excellents qui sont là" à viser le poste, affirme Colin Bradford, économiste spécialiste des institutions internationales.
Il cite notamment le Turc Kemal Dervis, ancien ministre des Finances et ancien administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, et l'ancien ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel. Pour lui, "c'est un moment très important. Allons-nous devenir sérieux et donner à cette institution la direction nouvelle dont elle a besoin pour réellement se mondialiser, ou retourner aux jeux politiques du passé?", s'interroge-t-il.
(L'essentiel Online/AFP)
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