«Je suis un homme extrêmement malade, j'ai besoin d'un peu plus de temps pour réfléchir à tout ce qu'elle vient de dire», a affirmé l'accusé, vêtu d'un costume gris, après la lecture de ses droits par la greffière, lors d'une audience de comparution initiale. L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, accusé notamment du massacre de Srebrenica en 1995, a refusé, vendredi, de plaider coupable ou non coupable des charges pesant contre lui, qu'il a qualifiées d'«odieuses», devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.
Ratko Mladic, le «Boucher des Balkans» Des mères suivent la comparution de Mladic depuis le mémorial Une vingtaine de mères des victimes du massacre de Srebrenica (est de la Bosnie) suivaient vendredi, depuis le mémorial de Potocari, la retransmission télévisée de la première comparution de Ratko Mladic devant le Tribunal de La Haye. Les mères suivaient cette retransmission sur un poste installé dans le mémorial même, sur un site dédié aux prières où ont été inhumées des milliers de victimes du pire crime commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. L'apparition de Mladic a provoqué un silence glacial. «J'espère que Dieu fera en sorte qu'il brûle en enfer», a murmuré ensuite l'une d'elles. «C'est bien qu'il comparaisse, ne serait-ce que tard, il devait comparaître il y a longtemps», a déclaré, avant le début de la retransmission, Nura Alispahic. «Ils auraient dû nous le (Ratko Mladic) transférer à nous, les mères, pour que nous le jugions et non l'envoyer à La Haye», a-t-elle ajouté. Mladic est inculpé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de génocide pour l'exécution de quelque 8 000 Musulmans à Srebrenica (Bosnie orientale), en juillet 1995, le plus grave massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il devra aussi répondre de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, en particulier pour le siège de Sarajevo qui fit environ 10 000 morts, de 1992 à 1995.«J'étais exposé à un stress très important, je n'ai que peu compris tout ce que cette jeune femme vient de nous lire», a-t-il poursuivi. «Dans l'infirmerie de l'unité de détention, on m'a apporté trois classeurs mais je n'ai rien lu de tout cela, je n'ai rien signé non plus, j'étais dans un état si mauvais».
Vêtu d'un costume gris et d'une chemise grise, M. Mladic a comparu assis, visiblement amaigri et vieilli, à l'opposé de l'homme trapu et massif, en treillis militaire, qu'il était dans les années 90.
Il a été transféré mardi au quartier pénitentiaire du TPIY
Arrêté le 26 mai en Serbie, après seize ans de cavale, M. Mladic, âgé de 69 ans, devait plaider coupable ou non coupable des génocides, crimes de guerre et crimes contre l'humanité dont il est accusé, lors d'une audience de comparution initiale.
L'ancien général, qui avait été transféré mardi au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, pourra toutefois demander un délai de 30 jours avant que la question ne lui soit à nouveau posée.
Ratko Mladic est accusé notamment de persécution, extermination, meurtre, déportation, actes inhumains et prise d'otages commis durant la guerre de Bosnie (1992-1995) qui avait fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.
(L'essentiel Online/afp)
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