Le gouverneur de l’État du Middle West, Jay Nixon, vient de signer un projet de loi interdisant aux professeurs et à leurs élèves d'entretenir des échanges privés sur les réseaux sociaux. Après le même projet en Virginie, celui de l'État du Missouri vise à protéger les jeunes des conversations à caractère sexuel et à éviter les ambiguïtés et les risques de dérives. Les excès sont en effet facilités lorsque l'on se trouve derrière un écran d'ordinateur.
«Le projet n'interdit pas tout contact sur les réseaux sociaux», a expliqué la sénatrice Jane Cunningham, à l'origine du texte de loi. «Il condamne juste les rapports exclusifs. Nous voulons que les conversations soient accessibles aux parents et aux établissements scolaires». Sur Facebook, les enseignants auront la possibilité d'avoir une page publique ou une page fan qui ne permettent pas les messages privés. Les internautes pourront cependant y poster des messages publics.
Cette nouvelle mesure découle entre autres de l’histoire dramatique d'Amy Hestir, une adolescente de treize ans, qui avait été harcelée puis agressée sexuellement par son professeur au lycée. La nouvelle loi - qui entrera en vigueur deux semaines après la rentrée des classes au Missouri - s'appellera «The Amy Hestir Student Protection Act» (L'acte de protection des étudiants Amy Hestir), en honneur à la jeune fille.
Professeurs pas d'accord
Bien que le projet en ravisse certains, d'autres ont du mal à l'accepter. «Si nous voulons comprendre les jeunes, nous devons aller dans leur sens et communiquer avec eux à leur manière, c'est-à-dire par les moyens électroniques, s'indigne Vicky Sauter, professeur à l'Université de Missouri-Saint-Louis. La loi nous enlève un outil d'échange avec nos étudiants».
Le professeur du Joplin School District, Randy Turner, affirme sur son blog que «pour certains étudiants, cette mesure les empêcherait de se confier à un adulte de confiance». L'année passée, l'enseignant-chercheur français, Olivier Ertzscheid, avait déjà donné son avis sur la question: «C'est sur Facebook que les élèves sont de plus en plus disponibles, ouverts et réceptifs, parfois bien davantage que dans l'espace-temps d'un cours».
Quant à Pascal Rey, enseignant de troisième primaire à Sierre, il affirme refuser les demandes d'amitié virtuelle de ses élèves de dix ans. En revanche, il garde contact avec les enfants qu'il a connus il y a dix ou vingt ans: «En tant qu'enseignant, je me préoccupe de l'avenir de tous mes élèves. Sans Facebook, je les aurais perdus de vue. Alors que là, j’ai retrouvé ceux des anciennes volées avec beaucoup de bonheur», a-t-il déclaré au journal Le Temps. D'un point de vue technique, on ne sait pas encore quelles mesures de surveillance utiliseront les autorités du Missouri pour filtrer les futurs échanges illégaux.
(L'essentiel Online/mag)
Authors: