On ne présente plus la gamme de tablettes Samsung Galaxy Tab. D’une part parce-que ce furent les premières tablettes « grand public » sous Android, avec un premier exemplaire doté d’un écran de 7 pouces et d’Android 2.2 sorti il y a tout juste un an : Test Samsung Galaxy Tab. Ensuite, et c’est moins drôle, pour les raisons que l’on sait, à savoir l’interminable guerre juridique en contrefaçon que se livrent Apple et Samsung.
C’est dans ce contexte quelque peu mouvementé (sans compter un redesign in extremis quelques jours avant sa sortie) qu’est arrivée il y a quelques semaines sur le marché la Galaxy Tab 10.1, une tablette motorisée par Android Honeycomb, soit la dernière version du système d’exploitation de Google (ou l’actuelle si vous préférez, puisque Android 4.0 a été présenté cette semaine mais n’est pas encore disponible).
Samsung et les tablettes, une histoire mouvementée…
Petit préambule et nous irons dans le vif du sujet : je trouve que la stratégie de Samsung en matière de tablettes n’est pas très lisible, et on peut imaginer qu’elle nuit probablement à leur diffusion. Si l’on récapitule la feuille de route sur l’année écoulée, accrochez vous et essayez de suivre, ça donne à peu près cela : on a le premier Galaxy Tab 7 pouces fin 2010, puis l’annonce de la 10.1 au CES 2011, puis l’ajournement de son lancement pour cause de redesign, puis l’annonce de la Galaxy Tab 8.9, puis la présentation à l’IFA 2011 de la Galaxy Tab 7.7 pouces et du Galaxy Note 5.3 pouces, puis son retrait pour cause d’Apple (ok ce n’est pas du fait de Samsung mais d’une décision de justice, mais dans les faits c’est la conséquence que l’on retient), puis enfin l’a présentation de la Galaxy Tab 7 pouces deuxième génération. On a connu plus limpide comme stratégie marketing, non ? Même les habitués et geeks ont du mal à suivre : si aujourd’hui vous voulez acheter une mini-tablette Samsung, vous choisissez quoi ? Une 7 pouces, une 7.7 pouces ou une 8.9 pouces ? Ou un Galaxy Note ? Hum.
Cela étant, à la décharge de Samsung, on ne peut pas reprocher à la marque de vouloir adresser tous les segments de marché et même de tenter d’innover en en créant un « nouveau » avec le Galaxy Note, tant qu’elle en a les moyens. Bref.
Exceptionnellement je ne vais pas vous proposer un test détaillé et très technique de la Galaxy Tab 10.1 car d’une part j’estime que le sujet est trop vaste et ne s’y prête pas vraiment, et d’autre part parce-que aujourd’hui toutes les tablettes se ressemblent (!), a fortiori les Android et fonctionnent selon les mêmes principes.
Je vais donc plutôt vous donner mes impressions et mon point de vue d’utilisateur qui a cette tablette avec lui depuis plusieurs semaines et qui alterne régulièrement avec l’iPad.
Première impression, prise en main
La première impression est très favorable. Le packaging est agréable et contient le minimum syndical à savoir la tablette, un cordon USB connectable à un chargeur, un très pratique adaptateur USB pour connecter un câble USB standard, et enfin une paire d’oreillettes audio. Une fois passée la sensation inévitable de forte ressemblance avec qui vous savez (ce n’est pas une critique, c’est un fait objectif), la prise en main est très agréable, plus agréable qu’avec l’iPad, et ceci pour trois raisons : la Galaxy Tab est moins lourde (565g contre 618g), son dos en plastique est moins froid et un peu moins glissant que celui de l’iPad, et elle est plus étroite du fait de son ratio largeur / hauteur différent de celui de l’iPad : là où l’iPad est presque carré, le Galaxy Tab est rectangulaire. Du coup, en position verticale (ou paysage), elle peut se tenir d’une main sans trop d’efforts comme un bouquin, ce qui est quasiment impossible avec l’iPad si vous ne vous appelez pas Hagrid (ou le Géant Vert).
Ecran, réactivité
L’écran TFT LCD est un tactile de type capacitif multipoints, ce qui est aujourd’hui la norme pour les tablettes « haut de gamme ». Sa résolution est de 1280 x 800 et sa diagonale de 10.1 pouces. Le rendu des couleurs, le contraste, la luminosité et la définition sont de très haut niveau mais n’atteignent pas la qualité de l’écran de l’iPad, qui reste encore la référence absolue en la matière (avec peut-être le BlackBerry PlayBook).
Côté réactivité, rien à signaler de particulier : les tablettes de dernière génération ont accompli des progrès importants, et la Galaxy Tab 10.1 se situe dans le peloton de tête, devant un Motorola Xoom ou une HP TouchPad. Mais là encore elle ne rivalise pas avec la fluidité et la sensitivité proche de la perfection d’un iPad 2. Le diable se cache peut-être dans les détails mais c’est ce qui à mon avis fait toute la différence dans un usage quotidien : que ce soit dans les effets de transition entre écrans ou dans le défilement des pages web dans le navigateur, on n’obtient pas cette sensation de fluidité et de sensibilité connues sur l’iPad : il y a encore quelques lags, quelques saccades dans les scrolls et j’expérimente assez régulièrement de faux clics sur certains menus, notamment sur Google Reader, ou j’ouvre souvent une news alors que voulais cliquer sur celle du dessus, des petites imperfections ergonomiques qui n’arrivent absolument jamais avec un iPad (et pourtant je n’ai pas de gros doigts). En termes de fluidité et de réactivité d’interface tactile, je ne connais finalement qu’un OS qui rivalise sérieusement (et fait même parfois mieux) avec iOS : Windows Phone 7. parmi tous ceux que j’ai testés et utilisés au quotidien, aucun appareil Android n’a encore complètement réussi à me convaincre ou à me séduire de ce point de vue, même si j’ai énormément apprécié le Samsung Galaxy S2 que j’ai eu en ma possession pendant les trois mois qui viennent de s’écouler.
Ergonomie générale
Rien à signaler de ce point de vue, Android Honeycomb est très complet, probablement davantage qu’iOS en proposant une foule de réglages, paramètres et possibilités de personnalisation en tous genres, un vrai régal pour celui qui souhaite vraiment se forger une tablette à sa main sans trop de contraintes. Les menus sont logiques et intuitifs, la saisie de texte sur le gros clavier tactile est agréable et peut-être même un peu plus pratique que sur l’iPad même si pour les raisons évoquées plus haut (réactivité) elle demeure un tout petit poil moins rapide, notamment pour faire apparaître le menu pop-up des caractères accentués, ou la saisie d’une section de texte pour la copier.
Je n’ai jamais été fan en revanche de la segmentation entre écran d’accueil et applications, même si on peut personnaliser le premier en ajoutant les secondes. Devoir cliquer sur la mosaïque en haut à droite pour basculer dans les apps et quitter l’écran d’accueil me demande toujours un petit temps de réaction, mais c’est certainement dû à ma longue expérience des icônes en homepage qui ne remonte pas à l’iPhone mais à… Palm (et notamment au tréo 270, premier smartphone de l’histoire)
J’apprécie en revanche tout particulièrement les fonctions spécifiques ou exclusives à Android, comme l’excellente version de Google Maps avec son basculement en 3D vectorielle, Google Navigation, le GPS gratuit, et l’intégration des services Google, qui est juste impeccable. Autre point (très) fort : pouvoir transférer des fichiers directement sur la tablette à partir d’un PC (et vice-versa) par simple branchement d’un câble USB sans se voir imposer le passage par un logiciel propriétaire lourd lent et imbitable.
A ma gauche, le Galaxy Tab, à ma droite l’iPad 2
Applications
De ce point de vue, rien à signaler de particulier, si ce n’est que – mais là c’est un avis subjectif d’utilisateur qui n’est pas représentatif – j’ai regretté que les quatre applications que j’utilise le plus sur iPad (et qui constituent à elles seules comme je l’ai déjà dit souvent une raison suffisante d’investir dans la tablette d’Apple et représentent 3 à 4 heures d’usage quotidien en moyenne) ne soient pas disponibles sur Android, à savoir : GarageBand, Flipboard, Le Point (je parle de l’app de l’édition papier) et TF1 (où je regarde les séries et le sport pratiquement exclusivement sur iPad puisque je suis rarement devant ma TV). Concernant cette dernière, son absence de l’Android Market m’a surpris (ou alors j’ai très mal cherché). Je regrette aussi que d’autres applications disponibles pour les mobiles Android ne le soient pas pour les tablettes Honeycomb, et que rien ne les distingue dans le Market. C’est le cas par exemple du Monde ou du Figaro (voir capture d’écran ci-dessous).
Et contrairement à l’iPad, ces dernières ne proposent pas de zoom x2, pourtant particulièrement pratique, et qui fait que nombre d’apps que j’utilise sur iPad sont des apps iPhone redimensionnées (et qui sont taggées comme telles dans l’App Store d’Apple). Bref, je pense qu’Android va devoir encore gagner un peu en maturité et être plus « user-frendly » pour conquérir le public des tablettes. J’ai bien dit : des tablettes, car pour les mobiles c’est déjà fait, mais on ne peut pas comparer les deux marchés et projeter sur l’un le succès de l’autre. Espérons que ce soit le cas avec Android 4.0 Ice Cream Sandwich.
Internet et email
Ce sont certainement les autres points forts du Galaxy Tab et d’Android Honeycomb. Je ne reviendrai pas sur l’intégration de Flash qui, quoiqu’on veuille bien en penser, est un vrai plus dans certaines situations, et pas seulement pour la vidéo (d’autant que les grands sites proposent de pus en plus de versions HTML5 compatibles avec les terminaux mobiles sans Flash). Dans mes usages, il y a deux trois de sites que je visite régulièrement et qui appartiennent à une typologie particulière qui utilise encore essentiellement des contenus rich media en Flash : les sites de constructeurs automobile, les sites d’hôtels, et les sites de musique (streaming ou musiciens/groupes). Des sites inaccessibles avec un iPad – une vraie frustration – même si maintenant j’utilise iSwifter pour cela, mais il comporte quand même quelques inconvénients, et que je me régale à visiter sans limites avec une tablette Android. Pareil pour les opérations de buzz comme celle-ci par exemple, qui sont la plupart du temps en Flash, et que je peux suivre dans le cadre de ma veille professionnelle sans avoir à retourner sur un PC pour y accéder. Bon cela étant, ceci est de la théorie (ou de la pratique que j’ai testée sur d’autres tablettes – Android ou PlayBook) car je dois à la vérité de préciser sur mon Galaxy Tab 10.1… Flash n’a jamais fonctionné malgré plusieurs tentatives et désinstallations/réinstallations. C’est un peu idiot pour une fonction aussi distinctive.
L’email est juste excellent. J’utilise le client Gmail natif et tout y est, y compris la possibilité de marquer (flagger) les emails importants, fonction qui manquait sur iOS… jusqu’à iOS5, qui propose maintenant la même dans le client mail natif.
Équipement
Du côté des caractéristiques générales la tablette Samsung Galaxy Tab est plutôt bien dotée puisqu’on retrouve deux caméras, une en façade pour la visio et l’autre au dos de l’appareil avec Flash à LED, une prise compatible USB, un slot carte SIM pour la 3G (en option), quatre capteurs (gyroscope, accéléromètre, capteur de lumière et boussole) et une puce A-GPS, le tout poussé avec un processeur double-coeur NVIDIATegra 2 cadencé à 1 GHz, 1Go de RAM et selon le modèle choisi, 16, 32 ou 64 Go de capacité de stockage.
(voir la conclusion après la série de photos ci-dessous)
En conclusion
La Samsung Galaxy Tab est une tablette séduisante et certainement la meilleure alternative à l’iPad pour ceux qui sont allergiques à Apple ou préfèrent un système plus ouvert comme Android. On peut objectivement faire davantage de choses avec une tablette Android dernière génération qu’avec un iPad, et ceci dans de nombreux compartiments de l’OS, plus complet sur beaucoup de points. C’est un fait. Reste à savoir si ces « choses en plus » répondent réellement à la demande et à l’usage que l’on fait d’une tablette. C’est le consommateur qui tranchera, à condition qu’il soit informé de façon exhaustive et objective.
[1]ce qui à mon avis a contribué à valoir à la marque coréenne les foudres d’Apple car le PDG de Samsung avait maladroitement indiqué que la tablette était trop épaisse par rapport à l’iPad 2 qui venait juste d’être présenté. C’est ce qui s’appelle se tirer une balle dans le pied : autant le redesign était peut-être opportun, autant communiquer sur le sujet de la sorte n’était certainement pas la meilleure idée du monde, et positionnait Samsung sinon en copieur tout du moins en suiveur…
PS : je vais recevoir d’ici quelques jours la Galaxy Tab 8.9, puis le Galaxy Note 5.3. Je suis curieux de voir si la différence de taille permet des usages différents, notamment en termes de mobilité. Je vous ferai un compte-rendu sur cette expérience. Si vous me suivez vous savez que je suis un partisan convaincu du 7 pouces donc cela ne devrait pas être pour me déplaire
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