Et ce concert, programmé dans le cadre pittoresque de l'Abbaye de Neumünster, revêtait mercredi une saveur particulière, malgré un ciel gris peu en phase avec la saison. En tout cas, ce n'est pas ce qui avait empêché ses fans les plus fidèles, ni les plus récents, d'investir le parvis de l'abbaye.

PJ Harvey faisait son apparition sur scène, tout de noir vêtue, le vent s'engouffrant entre les grandes plumes noires qui ornaient ses cheveux. Entourées de John Parish et Mick Harvey, ses amis musiciens qui l'aident également à composer, elle débute son set par «Let England Shake», suivi de «The Words That Maketh Murder» et d'une majorité de titres de son dernier album, à l'image du magnifique «The Glorious Land», qui, au son de la cavalerie, en symbolise la thématique guerrière.

L'Anglaise chante la tragédie de la guerre avec retenue et brio. Peu d'ancien titres auront droit à la parole («Come On Billy» et d'autres à l'occasion du rappel). La belle change d'instrument à chaque chanson, et se voit bien épaulée par ses lieutenants. Suivra le poignant «All And Everyone», entre douceur mélodique et tension dramatique. Nous assistons à une prestation sobre et classieuse, plus apaisée qu'auparavant, à l'image de son évolution artistique récente. Malgré les années, Poly Jean Harvey demeure la reine.

Cédric Botzung