Quand le tribunal lui demande ce dont il se souvient du 14 juin 2007, le chauffeur, en sanglots, répond «J'ai vu du sang partout, j'ai entendu les enfants qui criaient, qui criaient. J'étais plein de sang. J'ai vu à ma droite une petite fille qui tombait dans les pommes...».
À 8h45, le bus était entrée en collision avec une remorque de balisage sur l'A4, non loin de Reims, dans la commune de Thillois. Le chauffeur avait été distrait par les problèmes techniques du lecteur de DVD.
Sur les circonstances de l’accident, son témoignage est flou : il a vu l’alerte qui annonçait les travaux 4km plus loin, contrairement à ce qu’il avait d’abord indiqué. Devant ses contradictions, l’homme confie «ne plus trop savoir».
Pourquoi avoir voulu absolument voulu faire fonctionner le lecteur DVD? «Pour préserver mon travail, j’ai cherché à trouver une solution». C’est en voulant absolument le faire fonctionner que le chauffeur a quitté la route et a percuté la remorque de balisage immobilisée sur le bande d’arrêt d’urgence. Deux fillettes de douze ans sont mortes ainsi que l’un de leur instituteur, tous originaires de Steinsel.
«Je m'excuse auprès des parents des enfants»
«J'ai déménagé de Steinsel car ne pouvait plus sortir, on était regardé de travers. Quoiqu'on fasse. C'était invivable. Même si les gens ne pensaient pas mal, juste le regard faisait très mal, me blessait beaucoup. J'ai toujours cette culpabilité en moi. Non je n'ai pas déménagé pour oublier, je n'oublierai jamais. Je connaissais ce prof, ces enfants. J'ai aussi des enfants, je sais comme ça peut être dur de perdre ses enfants. C'est un accident stupide. Je m'excuse auprès des parents des enfants».
Pour le procureur du tribunal de Reims, le chauffeur de bus s’est montré imprudent et a refusé l’excuse de «la faute à pas de chance». Mais ce n’est pas un assassin et il a conscience de sa responsabilité. Après avoir indiqué, qu’en France, les peines pouvaient monter jusqu’à cinq ans pour les homicides involontaires sur la route, il a requis trois ans de prison avec sursis et l’interdiction d’exercer son métier. Le chauffeur ne le peut de toute façon plus : il est aujourd’hui concierge et souffre de grave dépression.
Finalement, le tribunal a condamné Fernando Tavares, 53 ans, à trente mois de prison avec sursis. «C'est une décision juste et humaine au regard du sentiment infini de culpabilité de mon client», a estimé Rosario Grasso, l'avocat du chauffeur.
MC/l'essentiel Online
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