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Mercredi, 10 Août 2011 12:00

Émeutes en Angleterre «La mixité culturelle protège le Luxembourg»

Émeutes en Angleterre «La mixité culturelle protège le Luxembourg»

Marc ne tient pas à communiquer son nom de famille «Ce n’est pas utile». Depuis plus d’une dizaine d’années, il est à l’écoute des jeunes des quartiers parfois difficiles d’Esch-sur-Alzette.

Sur le terrain, il perçoit leurs réactions face aux événements qui frappent la Grande-Bretagne: «On a des jeunes qui sont effectivement susceptibles de partager les opinions et les réactions de la jeunesse britannique. Mais nous n’avons pas dans nos villes des cités ou des banlieues avec des zones de non-droit où les autorités n’osent plus s’aventurer, comme c’est le cas en France par exemple. De plus la mixité culturelle du pays fait que ce genre de débordements n’est pas vraiment à craindre au Grand-Duché: le parallèle avec l’Angleterre ou même la France n’est pas à faire. On n’a pas la même configuration sociale et politique».

Une société trop matérialiste

L’explosion de violence dans les centres urbains anglais ne surprend pas le travailleur social luxembourgeois: «Nous vivons dans une société très matérialiste où l’on classe les gens par rapport à ce qu’ils possèdent et non par rapport à ce qu’ils font. Quand on possède quelque chose, on devient quelqu’un et on entretient l’illusion au sein de la société de consommation d’être mieux placé. Cela crée des jalousies et des envies. Beaucoup de gens sont aujourd’hui soumis à un équilibre matériel très fragile, et ils passent très vite dans des situations de précarité et de pauvreté. Les débordements violents sont alors l’occasion de se faire remarquer et pourquoi pas aussi de se procurer des biens de consommation auxquels on n’a pas accès régulièrement».

«On vit une forme de western moderne»

Pour Marc, la société de consommation est capable de dévorer ses enfants: «cette compétition peut être très malsaine, et elle entraîne un effet boomerang: ceux qui restent en marge se sentent dévalorisés et finissent par réagir de manière violente, inconsidérée et aussi disproportionnée».

Les modèles inspirés par la réussite sociale ne se basent plus sur la culture de l’effort: tout ce qui compte c’est la réussite, un rapper qui produit un hit, un joueur de football qui gagne des millions en tapant dans une balle ou un courtier qui fait fortune semblent plus attractifs qu’une carrière professionnelle classique: «On vit une forme de western moderne ou chacun cherche son filon à sa manière soit sur des marchés parallèles soit avec des petites combines qui mène souvent de la petite délinquance à la criminalité et quand cela ne fonctionne pas il y a frustration et un déclenchement de violence tous azimut».

Harcelés par la pression sociale

Dans les banlieues et les cités difficiles, on se sent souvent victime par rapport à la violence de la société de consommation, une émeute est alors considérée comme un acte de légitime défense selon Marc: «Les jeunes défavorisés, et les exemples anglais, français, espagnols et même allemands le montrent clairement, se sentent également comme des victimes: ils se sentent harcelés par la pression sociale, par les dettes, par le coût de la vie qui les poursuivent du soir au matin dans une compétition quotidienne ou l’on est forcé de vivre au jour le jour. Ce sont les composantes d’une bombe sociale. Dans ces conditions, on ne fait plus confiance à l’État: Quand le ventre crie les oreilles n’entendent plus rien».

cm / L’essentiel Online

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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