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Lundi, 01 Août 2011 19:00

L'anonymat sur internet en voie d'extinction ?

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Publié le 01-08-11 à 17:17    Modifié à 19:02     par Boris Manenti     5 réactions "Je pense que l'anonymat sur internet doit disparaître." Le message de Randi Zuckerberg, directrice marketing de Facebook et sœur du PDG du réseau social, est très clair. Elle estime que "les gens se comportent beaucoup mieux lorsque leur véritable nom est visible... Je pense que les gens qui se cachent derrière l'anonymat ont le sentiment de pouvoir dire ce qu'ils veulent derrière des portes closes". De quoi relancer le débat sur anonymat et internet.   "Un manque d'intégrité" Mark Zuckerberg n'a jamais caché sa volonté d'en finir avec les pseudonymes au profit de l'usage du véritable patronyme de l'internaute. "Nous allons vers un monde de plus en plus transparent", explique le fondateur et PDG de Facebook dans le livre "The Facebook Effect". "Vous n'avez qu'une seule identité. Avoir deux identités de vous-même, c'est l'illustration d'un manque d'intégrité." Une philosophie qui s'illustre avec l'outil de commentaires made in Facebook, qui impose de se connecter avant de pouvoir réagir à un texte. Un outil déjà mis en pratique sur de nombreux sites ou blogs. Google est sur la même ligne avec son nouveau réseau social Google + qui interdit tout pseudonyme, sous peine de voir son compte suspendu. "Les profils Google sont conçus pour être des pages publiques sur le web, destinées à aider à trouver de vraies personnes dans le monde réel", argue Katie Walson, responsable communication de Google. De même, l'ancien patron de Google Eric Schmidt a toujours affiché son opposition à l'anonymat, plaidant pour "une vraie transparence". "La vie privée n'est pas la même chose que l'anonymat. Si vous essayez de commettre un terrible crime, il n'est pas normal que vous puissiez le faire dans l'anonymat le plus complet", a-t-il déclaré.   "Facebook n'est pas internet" L'anonymat sur internet, "un concept en voie de disparition sur internet" ? C'est ce qu'estime Guillaume Champeau, rédacteur en chef du site spécialisé Numerama. "Avant, l'usage pseudonyme était la règle, désormais, avec l'avènement des réseaux sociaux, c'est l'exception", souligne-t-il au "Nouvel Observateur". Reste que "Facebook n'est pas internet", tempère Jean-Baptiste Soufron, directeur du think tank Cap Digital, interrogé par "le Nouvel Observateur". "Ce n'est pas parce qu'un jeune patron veut identifier tout le monde, qu'il faut lui céder. Le principe de liberté de conscience, induit par l'anonymat, est bien plus important que les intérêts commerciaux de Facebook", plaide-t-il. Pour Jean-Baptiste Soufron, supprimer l'anonymat pour améliorer les débats n'est qu'"un argument de forme", la véritable raison étant : "faciliter l'analyse et le traitement des données personnelles, soit du data mining, avec l'objectif publicitaire". Même son de cloche chez un ténor du web underground : Christopher Pool, fondateur du forum 4chan. "[Mark] Zuckerberg a tout à fait tort quand il dit que l'anonymat est une lâcheté totale. L'anonymat c'est l'authenticité, il vous permet de vous exprimer sans fard", a-t-il plaidé lors d'une conférence.   "Un moyen pour libérer la parole" Pour autant, les internautes ne semblent pas prêts à renoncer à leur anonymat en ligne. Le géant du jeu vidéo Blizzard (notamment connu pour son "World of Warcraft") a ainsi tenté de supprimer l'utilisation des pseudonymes sur ses forums officiels, avant de se rétracter après la levée de boucliers des fans. Même chose à l'échelle législative où la proposition de loi du sénateur Jean-Louis Masson visant supprimer tout anonymat sur les blogs a été rejetée. Jean-Baptiste Soufron rappelle que "sur internet, on est beaucoup moins anonyme que dans la vie réelle : il est très facile pour les enquêteurs de remonter des adresses IP jusqu'à une personne. On est toujours identifiable. La preuve avec les récentes arrestations dans les groupes Anonymous et LulzSec... Pour autant, doit-on être 'tous fichés' comme le réclame Facebook ?", interroge-t-il. Guillaume Champeau pointe également un risque sur les "appels à témoigner". "L'anonymat est un moyen pour libérer la parole. Que restera-t-il sur les forums dédiés à certaines maladies, aux employés en souffrances ou aux débats politiques si l'anonymat disparaît ?", tonne-t-il. Enfin, la disparition de l'anonymat repose la question du droit à l'oubli vis-à-vis d'un internet où "tout ce qui est publié est indexé et archivé". Quid alors d'un commentaire vieux de dix ans ou d'une vidéo ridicule postée par un(e) adolescent(e) (le Star Wars Kid ou la groupie de DSK) ? Boris Manenti - Le Nouvel Observateur Authors: 2247087.jpg
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