La vague de violences urbaines et de pillages qui a déferlé sur plusieurs quartiers de Londres ce week-end, après la mort d'un jeune père de famille tué par la police, a gagné trois grandes villes britanniques, Birmingham, Bristol et Liverpool. Face à ces incidents, les plus graves depuis les émeutes raciales qui avaient embrasé la capitale dans les années 1980, le premier ministre David Cameron a écourté ses vacances en Italie et devait présider mardi une réunion de crise.
Premier mort dans les émeutes à Londres Un homme de 26 ans, blessé par balle dans une voiture lundi soir lors des émeutes à Londres, a succombé à ses blessures, a annoncé la police mardi.Il s'agit du premier mort depuis le début des violences qui ont éclaté dans la capitale britannique ce week-end. La victime, qui n'a pas été identifiée, avait été découverte dans une voiture lundi vers 21H15 (20H15 GMT) dans le quartier de Croydon (sud), où plusieurs bâtiments ont été brûlés pendant les violences, a précisé la police dans un communiqué. L'homme avait «été hospitalisé dans un état grave». Annulation du match: La KNVB «déplore» et «respecte» La Fédération néerlandaise de football (KNVB) «déplore» l'annulation du match amical contre l'Angleterre, prévu mercredi à Wembley, et «respecte cette décision car la sécurité des joueurs et du public n'est pas garantie», a indiqué mardi le directeur de la KNVB, Bert van Oostveen, à l'agence ANP.
Les joueurs néerlandais n'avaient pas encore fait le déplacement vers Londres. Ils ne prendront donc pas leur vol prévu mardi soir vers l'Angleterre. Le milieu de terrain néerlandais Rafael van der Vaart qui joue à Tottenham, dans l'un des quartiers de Londres, a dit pour sa part «comprendre pleinement» la décision de la Fédération anglaise (FA), en raison des violences, sur le site internet Voetbal International.«J'ai vu les photos de ce qui se passe à Londres. C'est un désordre incroyable. Il n'est tout simplement pas possible d'organiser un tel grand match de football en toute sécurité», a expliqué Van der Vaart. «Sylvie (son épouse) y séjourne pour l'instant. Je l'ai appelée ce mardi matin et heureusement tout se passe bien. Pour l'instant tout est calme dans notre rue», a-t-il poursuivi. «Quand j'entends que la violence s'étend ou pourrait s'étendre à des villes comme Manchester, Liverpool, Birmingham et Bristol, je me demande si le championnat pourra se jouer ce week-end. Je peux difficilement l'imaginer», a conclu van der Vaart. «Il faudra trouver une autre date pour ce match ou nous rembourser», a réclamé le président de l'Association des supporters Oranje, Lloyd Vandenberg. Six cents supporteurs néerlandais étaient en partance pour Londres, voire déjà sur place pour certains d'entre eux.
Nombreuses arrestations
La police a fait état de 334 arrestations, précisant que 69 personnes avaient été formellement accusées d'avoir commis des infractions. Trois des individus interpellés sont soupçonnés d'avoir tenté de tuer un policier, qui a été hospitalisé après avoir été percuté par une voiture dans le nord de Londres tôt mardi matin. Au moins 100 individus appréhendés sont âgés de 21 ans au plus. Environ 35 policiers ont été blessés dans les violences, selon les forces de l'ordre.
Notting Hill également touché
A Londres, des groupes de jeunes ont commis des actes de vandalisme pour la troisième nuit consécutive, mettant le feu à des bâtiments, des véhicules et des décharges, pillant des magasins et jetant divers projectiles sur les forces de police. Les troubles se sont propagés des faubourgs de la capitale au quartier aisé de Notting Hill et des actes de vandalisme étaient signalés à Camden, Chalk Farm, Enfield (nord), Hackney (est) et Peckham (sud).
Les services ambulanciers ont traité 16 patients, dont 15 ont été hospitalisés. A Croydon, dans le sud de Londres, la police a déclaré qu'un homme de 26 ans avait été grièvement blessé par balle lundi. Les violences ont semblé s'apaiser mardi matin.
La police a appelé des centaines d'agents en renforts et, fait rare, a déployé des véhicules blindés dans certains des secteurs les plus touchés, tentant de reprendre le contrôle des événements face à la situation chaotique rapportée dans des quartiers de Londres, mais aussi à Birmingham (centre), Bristol (ouest) et Liverpool (nord-ouest).
Réunion d'urgence
Les troubles avaient éclaté dans le quartier défavorisé de Tottenham, dans le nord de Londres, durant la nuit de samedi à dimanche, deux jours après la mort d'un homme de 29 ans, père de quatre enfants, tué par balle par les forces de police dans des circonstances controversées.
Parmi les émeutiers, certains disaient protester contre les réductions drastiques des dépenses publiques opérées par le gouvernement. «C'est le soulèvement de la classe ouvrière. Nous redistribuons les richesse», affirmait un jeune homme de 28 ans, qui s'est décrit comme un anarchiste.
La crise va constituer un test majeur pour la coalition gouvernementale du premier ministre conservateur David Cameron qui a interrompu ses vacances italiennes pour rentrer en Grande-Bretagne. Cameron a annoncé mardi une réunion du Parlement en session extraordinaire jeudi, en raison des émeutes qui ont secoué la capitale et d'autres villes du pays, ajoutant qu'il ferait «tout ce qui est nécessaire» pour ramener le calme. M. Cameron a également annoncé que les effectifs policiers à Londres seraient portés de 6000 à 16'000 hommes dès ce mardi soir.
Le chef par intérim de Scotland Yard Tim Godwin a assuré mardi qu'il n'y avait pas de projet pour faire appel à l'armée dans la capitale.
A Londres, certains habitants ont appelé la police à déployer des canons à eau pour disperser les émeutiers, ou demander le soutien de l'armée, mettant en cause les responsables des forces de l'ordre, particulièrement après la vague de démissions déclenchées par le scandale des écoutes du tabloïd «News of the World».
«Il y a de la tension depuis longtemps. Les enfants ne sont pas heureux. Ils détestent la police», déclarait Matthew Yeoland, un enseignant de 43 ans, témoin des violences à Peckham. «C'est comme une zone de guerre et la police ne faisait rien. Il y avait trop de gens et pas assez de policiers».
Match Angleterre/Pays-Bas annulé
Conséquences des violences à Londres, le match de football amical prévu mercredi entre l'Angleterre et les Pays-Bas au stade de Wembley a été annulé. De même, trois matches de la Coupe de la Ligue prévus mardi à Londres (West Ham/Aldershot, Charlton/Reading, Crystal Palace/Crawley) ont déjà été repoussés à titre de précaution. L'attaquant anglais Wayne Rooney a lancé un appel à l'arrêt des violences, jugeant la situation «embarrassante» pour le pays.
Ces troubles inquiètent pour la sécurité des JO d'été de 2012 dans la capitale, mais le Comité olympique international a assuré qu'il avait confiance dans les autorités britanniques. «La sécurité aux Jeux olympiques est une priorité pour le CIO», a déclaré son porte-parole Mark Adams.
L'essentiel Online / (ap)
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