Le Grand-Duché ne doit pas s’opposer à la mise en place d’une taxe carbone européenne et accepter que les carburants soient taxés en fonction de leur contenu énergétique et de leurs émissions de CO2. C’est en résumé ce que Greenpeace Luxembourg affirme ce jeudi, en s’appuyant sur une étude qui démontre que la forte baisse des accises sur carburants automobiles avait fait plus de mal que de bien à l’Union européenne. Si les pays européens n’avaient pas autant baissé ce niveau (-0,1 euro par litre en moyenne depuis 1999), et l’avait juste aligné sur l’inflation, ils auraient pu créer ou sauver 350 000 emplois et réduire de 11 milliards d’euros la facture des importations de pétrole.
Un litre de diesel plus cher qu'un litre d'essence La Commission européenne a présenté le 13 avril une proposition de taxe carbone dont la conséquence serait notamment une augmentation du prix du charbon et du diesel, considérés comme trop polluants. La taxe minimum pour le diesel passera de 330 euros par 1.000 litres actuellement à 412 euros par 1 000 litres en 2018, lorsque celle pour l'essence restera inchangée à 359 euro par 1 000 litres. La conséquence sera une augmentation de 15% des accises pour le diesel et donc un renchérissement à la pompe en 2018, avaient expliqué les experts de Bruxelles. Les professionnels de la mer seront exemptés de cette conséquence, mais pas les routiers. Les pays les plus touchés seront le Luxembourg, dont les accises sur les carburants sont très basses, et les pays d'Europe de l'Est voisins de la Russie qui raffine le diesel importé par l'UE. «Nous voulons encourager l'utilisation d'énergies plus propres», avait expliqué le commissaire en charge de la Fiscalité Algirdas Semeta, conscient des réserves exprimées en Allemagne et en France. «Nous imposons le travail et pas les énergies polluantes. C'est absurde», avait souligné le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. L'unanimité des États membres sera toutefois nécessaire pour l'approbation de cette modification de la fiscalité européenne sur les carburants et combustibles.Et le Luxembourg est dans la ligne de mire de l’organisation puisqu’il propose un des plus faibles taux d’accises de l’UE: 46 centimes par litre d'essence, 32 centimes pour le diesel. Selon Jos Ding, de l’ONG Transport&Environment, à l’origine de l’étude, «les paradis fiscaux pour les carburants jouent un rôle nocif en Europe (…) cette politique de dumping, utilisée notamment par le Luxembourg, a des impacts négatifs sur la politique européenne en matière de transport et donc forcément sur la politique climatique».
Recettes importantes tirées de la vente de carburant
Greenpeace conçoit que le gouvernement luxembourgeois –étant donné l’importance des recettes tirées de la vente de carburant- soit hostile aux plans de l’UE mais le tourisme à la pompe est responsable de 40% des émissions de CO2 et de la consommation d’énergie du pays. Pour le budget 2011, le prélèvement sur les carburants permet, selon les estimations, le versement de 130 millions d'euros au Fonds pour l'emploi et 61 millions pour la contribution spéciale dite de Kyoto.
Mais en augmentant le taux d’accises du litre de diesel, qui serait du même coup plus cher que l’essence, le gouvernement parviendrait plus facilement à sortir du «tanktourisme» et à remplir ses objectifs en matière de protection du climat. Les camions et les automobilistes n'auraient plus d'intérêt à faire un crochet par le Grand-Duché pour faire le plein. «Les carburants fossiles deviennent plus rares et plus chers, et il est grand temps que le pays et sa trésorerie deviennent indépendants d’une source de revenus qui pourrait se tarir rapidement», conclut Paul Delanois, directeur de Greenpeace Luxembourg.
(L'essentiel Online)
Authors: