C'est la première fois que la Shoura, l'assemblée représentative des musulmans du Luxembourg, sera élue par les quelque 2 500 fidèles inscrits, qui iront voter dimanche dans cinq de leurs lieux de culte. Jusqu'ici, la Shoura était une fédération des diverses associations de musulmans que compte le pays.

Pas de quoi répondre aux critères juridiques permettant de négocier un conventionnement avec le gouvernement. Pourtant, les discussions avaient commencé à la fin des années 90 et le principe d'un conventionnement avait été adopté en Conseil de gouvernement en 2007. Pourtant, avec l'élection de ce dimanche, les musulmans tiennent le bon bout. «Douze membres de la Shoura vont être élus», précise Jean-Luc Karleskind, membre de la Shoura actuelle et candidat dimanche. «Ils désigneront ensuite un président».

Puis les discussions avec le gouvernement pourront reprendre, en vue de signer le conventionnement. «Cela nous permettra d'être admis de plain-pied dans la communauté nationale, comme les autre minorités religieuses, les musulmans pourront se sentir partie prenante du pays». Jusqu'ici, cinq religions (catholique, protestante, orthodoxe, anglicane et juive) sont conventionnées. «Et cela permettra d'assurer un salaire aux représentants du culte, et de ne plus les payer juste avec les dons des fidèles».

La Shoura, porte-parole en devenir

Ainsi, l'État pourra, comme il est prévu dans la Constitution, nommer les ministres du culte, notamment le moufti, l'imam principal du pays, peut-être aussi un ou deux aumôniers de prison. Chaque mosquée significative proposera à la Shoura son imam qui sera rémunéré par l'État, mais «les règles précises restent à négocier» avec le ministère des Cultes.

Enfin, la Shoura pourra devenir une sorte de porte-parole des musulmans du pays, qui parleront ainsi d'une seule voix. Elle donnera leur position sur les débats de société par exemple.
Ensuite, une fois signé le conventionnement, on pourra commencer à discuter de la création de cimetières musulmans. Jusqu'ici, il faut être résident de la capitale pour pouvoir être inhumé dans le seul carré musulman du pays, au cimetière de Merl.

Jérôme Wiss