Tout juste un mois après le début de leur opération "Payback", le groupe de hackers des Anonymous continuaient, lundi 18 octobre, d'attaquer
L'opération "Payback (is a bitch)" a été lancée comme une contre-attaque aux attaques de déni de service (DDoS) issues de la société AiPlex au profit des ayants droit à l'encontre de différents sites de téléchargement illégaux, dont l'emblématique The Pirate Bay. Une version revendiquée dans une lettre, et confirmée à Nouvelobs.com par plusieurs sources sur les salons de discussions des Anonymous.
Après les sociétés RIAA, MPA, BPI, ainsi que les cabinets d'avocats ACS:Law et Davenport Lyons, les dernières "victimes" des Anonymous sont l'office de la propriété intellectuelle (IPO, équivalent britannique de l'INPI) et l'association pour le commerce audiovisuel au Portugal (ARPACOR). Le site officiel de Gene Simmons, chanteur du groupe Kiss, et le site de son label Simmons Record, sont également attaqués.
Attaques de DDoS et piratages
Les attaques de DDoS consistent à saturer un site en requêtes jusqu'à le rendre inaccessible. Pour arriver à cette saturation, les Anonymous appellent les internautes à utiliser le logiciel LOIC (pour Low Orbit Ion Canon) qui propose de cibler un site particulier. Si un nombre suffisant de personnes mettent en pratique le logiciel et attaquent la même cible, alors le site sature. C'est ce que connaissent actuellement les sites de l'IPO et de Gene Simmons.
Pour le site du syndicat portugais des vidéo-clubs Arpacor, les Anonymous ont opté pour le "défacage", pratique consistant à modifier intégralement la page d'accueil (voir ci-contre) et qui ne s'exécute qu'en piratant le site. Le piratage a également été l'occasion de diffuser sur les réseau de téléchargement BiTorrent les correspondances e-mails de l'association, comme cela avait déjà été le cas pour la cabinet d'avocats ACS:Laws.
Sur la page ainsi modifiée, le groupe s'élève contre les récentes lois qui visent à punir les internautes qui téléchargent illégalement (à l'image d'Hadopi), plaidant pour une "démocratisation de la connaissance afin de rendre l'éducation abordable". "La mise sous séquestre de la connaissance humaine au profit du capitalisme extrémiste est une trahison envers l'humanité tout entière", poursuit le texte.
Un acharnement ?
Après un mois d'attaques contre différents sites, "il est logique que le spectacle continue", estime Nicolas Arpagian, coordinateur des enseignements à l'INHESJ et auteur de "La cybersécurité". "L'impact médiatique est maximum avec très peu de ressources, et il n'y a aucune sanction", explique-t-il à Nouvelobs.com.
"La question qui se pose maintenant est quelle sera la porte de sortie des Anonymous, comment réussiront-ils à transformer l'impact médiatique en débat politique de fond", s'interroge-t-il. D'abord présentés comme les "manifestants du futur", le groupe pourrait apparaître dans l'illégalité auprès de l'opinion publique. "Le risque avec une action aussi longue est de se voir ancrer dans le rôle du méchant et que les attaques soient perçues comme un acharnement. Avec une crise qui dure, les Anonymous pourraient se discréditer", résume Nicolas Arpagian.
Interrogé sur ce point, une source proche des Anonymous estime que "cela leur ferait plaisir d'être assimilé au 'méchant'". Cette source analyse l'opération "Payback" comme "une réussite pour les Anonymous : ils ont attiré beaucoup de gens avec cette opération qui dure". "Il y a une vraie dynamique de fond pour une opération plus structurée que d'ordinaire, avec une petite équipe dirigeante qui gère le site tieve.tk et le fil twitter. Au final, je ne vois pas ce qui pourrait les faire s'arrêter...", conclu-t-elle.
(Boris Manenti – Nouvelobs.com)
Authors: Nouvel Obs