La mise en place effective de l'Hadopi et l'envoi des premiers e-mails d'avertissement aura au moins eu un effet notable : la multiplication des
Mercredi 20 octobre, plus d'une centaine de sites web contenant le mot "hadopi" ont été déposé, dont la majorité sans aucun lien avec la Haute autorité. Dans ce florilège, plusieurs sites rassemblent trucs et astuces publiés ici et là pour éviter aux internautes d'être pris en flagrant délit de téléchargement illégal.
Quelques sites bien inspirés vont plus loin et ont senti le filon que représente la loi Hadopi en termes économiques. "Vous avez peur d'Hadopi et vous souhaiter vous contourner ce système ? Nous avons la solution !", plaide un premier site. "Téléchargez sans crainte", fait valoir un second.
"Risque d'arnaques"
Olivier Laurelli, blogueur spécialisé plus connu sous le pseudo Bluetouff, parle d'"un business juteux" et prévient du "risque d'arnaques". "Il faut éviter toutes ces solutions qui promettent de vous protéger d'Hadopi avec du VPN."
"Premièrement, le VPN ne rend pas complètement anonyme sur Internet, ensuite on ne sait pas à qui l'on confie ses coordonnées bancaires", explique-t-il à Nouvelobs.com. "Derrière ces services à 5 euros par mois, il n'y a souvent aucune entreprise, ce sont au mieux des personnes qui revendent des abonnements achetés à de grosses plates-formes de VPN."
Un site comme anti-hadopi.com propose par exemple de faire "respecter de votre vie privée sur le Net" moyennant des abonnements de 4,99 euros à 10,30 euros mensuels. Il vante au passage son "service client gratuit et sympa". Contacté, le site n'a pas souhaité expliquer sa démarche à Nouvelobs.com.
"L'Hadopi n'est pas le premier argument de vente"
Les revendeurs de VPN ne sont pas les seuls à profiter du filon Hadopi. Avant même la publication des recommandations officielles de la Haute autorité pour sécuriser les accès Internet, la société Zyxel propose aux entreprises des dispositifs de "filtrage applicatifs pour bloquer le peer-to-peer" et de "filtrages de sites (pornographiques, de jeux...)", rapporte la responsable communication de Zyxel à Nouvelobs.com.
La société vend ainsi des routeurs "en conformité avec la loi Hadopi", ce qui "répond à un besoin fort du côté des PME", plaide-t-elle. Si elle ajoute que "l'Hadopi n'est pas le premier argument de vente", on voit une exploitation commerciale d'une loi.
On se souvient également du "routeur Hadopi" qui pour 49 euros promettait de ne jamais être détecté par la Haute autorité en piratant les réseaux Wi-Fi alentours. Un canular que 70.000 internautes ont tenté de commander.
"Nous ne sommes pas d'obscurs vendeurs de VPN"
Enfin, en marge de solutions plus ou moins louches, s'est créé SOS-Hadopi. Ce service propose, contre un abonnement de 18 euros annuels, "un service d'assistance juridique et technique aux internautes tombés dans les filets" de la Haute autorité, explique à Nouvelobs.com le responsable du site, Renaud Veeckman.
"Lorsqu'une personne reçoit un e-mail de l'Hadopi, nous allons attaquer la validité de celui-ci devant le Tribunal administratif. Si l'internaute est convoqué devant la CPD [Commission de protection des droits, NDLR], nous lui mettons un avocat à sa disposition", poursuit-il.
"Nous ne faisons que mutualiser les risques dans un système pour défendre les autres, nous ne sommes pas d'obscurs vendeurs de VPN", plaide enfin Renaud Veekcman.
Contactée par Nouvelobs.com, la Haute autorité n'a pas encore réagit face à ses solutions "anti-Hadopi".
(Boris Manenti - Nouvelobs.com)
Authors: Nouvel Obs