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Vendredi, 12 Août 2011 13:00

(prospective) : une tablette dédiée exclusivement à lecture de la presse et des magazines ?

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En observant un peu le comportement des utilisateurs de terminaux mobiles et les usages actuels, j’ai une sorte d’intuition qui se transforme peu à peu en conviction : il y a un trou béant entre les smartphones, les tablettes et les liseuses de livres électroniques (eBook readers ou eReaders en français). Un trou que les fonctionnalités de ces trois types d’appareil ne comblent pas. En langage marketing on appellerait cela une opportunité de marché non adressée. Allez, je vous refais le coup de la Blog Machine, version lecture numérique 2011.

(prospective) : une tablette dédiée exclusivement à lecture de la presse et des magazines ?
(image : Revue2presse.fr)

D’un côté, le smartphone. Machine de plus en plus puissante, de plus en plus intelligente, qui continue sa progression auprès du grand public depuis que l’iPhone, puis Android ont l’ont sortie du créneau pour geeks dans lequel elle a longtemps été confinée. Un smartphone c’est bien, c’est indispensable à tel point que certains préféreraient se passer de sexe, de café ou de chaussures plutôt que de lâcher leur superphone. Bon. Mais un smartphone a aussi quelques limitations, et la taille de l’écran fait partie des principales. Même si la tendance est à l’augmentation des dimensions de la dalle sur les derniers mobiles, comme c’est le cas par exemple sur l’excellent Samsung Galaxy S2, l’expérience reste quelque peu éprouvante pour les yeux en cas de lecture prolongée.

De l’autre côté, les tablettes. Belles, aguichantes et hype, elle savent aussi faire beaucoup de choses. En fait elles savent faire tout ce que font les smartphones, (et souvent pas plus, à quelques applications spécifiques près qui font toute la différence) avec en plus l’argument massue de la taille de l’écran, qui change complètement l’expérience et le confort de lecture. Déclinées principalement avec des dalles au format 10 pouces, elles existent aussi en 7 pouces, ce qui – je le rappelle – représente quand même une surface plus de 4 fois supérieure à celle d’un smartphone standard. Problème : les tablettes sont encore lourdes, chères, et leur « préciosité » fait que l’on hésite à les emporter partout avec soi et à les sortir en contexte « hostile » (métro, plage…), sans compter que leur dalle en verre rend le lecture difficile, voire impossible en plein jour. Bref, malgré la promesse marketing, la réalité montre que les tablettes – dans leur forme actuelle – ne sont pas des objets mobiles, tout au plus « nomades »… entre le salon, la chambre à coucher, la cuisine, et pour les plus aventureux, la terrasse (ou les WC).

Enfin, les eReaders. Légers, solides, économiques, malins quand ils sont connectés (FnacBook ou Kindle), ils sont tout pour plaire au lecteur nomade, et la technologie d’encre électronique de leur écran en fait un must en matière de confort de lecture. Mais ces petites machines sont aussi très limitées dans leurs fonctionnalités, ce qui circonscrit leur usage à une seule fonction : se substituer à un livre, point-barre. Pas d’écran couleur, pas de fonctions multimédia, pas toujours de navigateur web, pas d’écran rétro-éclairé (il faut allumer la lampe de chevet si vous voulez lire la nuit, comme avec un bon vieux bouquin) etc.

Si l’on voulait schématiser et résumer l’offre actuelle, on pourrait la segmenter en trois usages :

  • les smartphones pour rester connecté : téléphoner, lire ses messages (mails, SMS, etc), interagir rapidement sur les réseaux sociaux, parcourir quelques news, et faire des photos et des vidéos et éventuellement les partager.
  • les tablettes pour rester informé : surfer sur le web confortablement dans son canapé, lire quelques magazines, lire et répondre à ses emails et regarder des vidéos ou des chaînes de télé.
  • les eReaders pour rester… déconnecté : lire des bouquins, prendre le temps, bref, être un lecteur et nourrir son esprit.

Reste un pan important de la lecture numérique en mobilité qui est à mon avis peu ou mal adressé : la lecture de journaux et de magazines. Lire un magazine, même adapté, sur un smartphone devient assez rapidement une épreuve fastidieuse (surtout en plein soleil), et il est acquis que l’on n’emmène pas son iPad à la plage. Quant au eReader, le choix des journaux disponibles est encore très maigre, et de toute façon, feuilleter un Paris Match ou un Voici sur un écran eInk monochrome sans possibilité d’enrichissement multimédia est une expérience très peu satisfaisante, qui ne fera rêver personne.

L’iPod de la presse et des magazines

Il y a donc peut-être une opportunité de marché à saisir : celle d’une offre constituée d’une tablette, très simple, sexy, fine et légère (entre 150 et 200 g maxi), au format d’un Kindle ou d’un FnacBook, dotée d’un écran couleur à dalle mâte anti-reflets de 7 pouces, d’un OS dédié éventuellement dérivé d’Android, robuste et économique (idéalement mois de 100 euros), dont la vente serait assortie d’une souscription à un abonnement à la carte à un bouquet de journaux et magazines formatés spécifiquement pour celle-ci.

Idéalement, l’appareil serait décliné en plusieurs couleurs, vendu avec une housse de protection et distribué exclusivement sur internet, sur un site dédié et sur le site des éditeurs de magazines. A l’image des téléphones mobiles et des forfaits opérateurs, le prix serait dégressif en fonction de l’abonnement choisi, et les éditeurs en subventionneraient une partie. Comme il s’agit d’une tablette dédiée à la lecture de journaux et magazines, elle ne serait dotée d’aucune autre fonctionnalité : pas d’email, pas de navigateur web, pas de capteur-photo etc. Mais en revanche un écran tactile de bonne qualité lisible en plein soleil (éventuellement résistif) et une connexion 3G intégrée gratuite (en mode Kindle) et WiFi pour pouvoir télécharger ses magazines à la volée où que l’on soit.

(prospective) : une tablette dédiée exclusivement à lecture de la presse et des magazines ?

Un engin léger donc, fin et robuste, que l’on emmènerait partout avec soi sans crainte pour lire ses journaux favoris dans un format optimal, inspiré par exemple de ce que proposent Paris Match, Le Point ou ePresse sur iPad. Une sorte de Kindle ou d’iPod de la presse, en plus ludique et visant à être adopté plus particulièrement par une clientèle féminine « grand public », contrairement aux tablettes actuelles qui restent majoritairement un truc de geek au masculin. Une idée qui émerge d’ailleurs à sa façon dans la presse américaine : Newspaper giant Tribune Co. developing tablet device. Le Nook de Barnes & Nobles correspond aussi un peu à cette définition, mais il reste lourd et encombrant, et n’est officiellement pas disponible hors USA (sans parler de l’offre magazine inexistante en français).

Je suis convaincu qu’il y a un marché pour cela, et si j’étais fabricant de tablettes, plutôt que m’épuiser à tenter de reproduire un énième clone de l’iPad qui finira invariablement sa carrière au cimetière des wannabes au bout de 6 mois, je réfléchirais à ce type d’opportunité qui mixe terminal et contenus. N’oublions pas que moins de 10% des consommateurs possèdent une tablette ou un eReader. Et il y a peu de chances pour que l’intégralité des 90% restants investissent un jour dans un iPad, un Galaxy Tab ou un Xoom, tout simplement parce-qu’ils n’en voient pas l’utilité. En revanche, une liseuse low-cost de magazine qui tiendrait dans la poche ou le sac à main et qui permettrait de faire sa pige presse le matin dans le métro…

Le sujet est ouvert, je serais très intéressé de recueillir vos avis, et ceux de différents acteurs de ce marché.

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