«Nous avons décidé d'octroyer des permis de séjour temporaires pour protection humanitaire qui permettront (aux migrants tunisiens) de voyager dans les pays de l'espace Schengen», a déclaré jeudi le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni.
L'espoir s'amenuise pour les migrants naufragés Les recherches de survivants au naufrage mercredi d'une embarcation, dans lequel sont morts ou portés disparus au moins 150 réfugiés somaliens ou érythréens, ont repris jeudi matin au large de l'île italienne de Lampedusa. «Nous recherchons encore 150 personnes. L'espoir de trouver des survivants s'amenuise d'heure en heure», a déclaré au parlement le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni. Pour l'instant, seules 53 personnes ont pu être secourues. Un vedette des garde-côtes, un patrouilleur maltais et deux avions participent aux recherches. Un hélicoptère et un autre avion des douanes doivent les rejoindre plus tard dans la journée.Une «baignoire» qui ne demande qu'à se vider
Ce dernier, qui présentait devant la Chambre des députés un accord conclu cette semaine avec les autorités tunisiennes, a aussitôt rappelé que «l'écrasante majorité des immigrés déclarent vouloir rejoindre amis et proches en France ou dans d'autres pays européens».
Une façon de «vider la baignoire», selon l'expression d'Umberto Bossi, le leader de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés et allié crucial au sein du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Raz-de-marée suite au printemps arabe
Depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, 25.800 migrants, essentiellement des Tunisiens mais aussi des Africains venus de Libye, ont débarqué en Italie, a annoncé jeudi M. Maroni.
Entassés pour beaucoup dans des conditions d'hygiène déplorables sur la minuscule île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile, ces migrants ont été progressivement transférés sur le continent. Mais ces transferts n'ont fait que déplacer le problème vers d'autres régions d'Italie, très réticentes.
Aujourd'hui ils se retrouvent soit dans des centres de rétention «pour identification», soit dans des campements d'immenses tentes bleues installés par les autorités notamment dans les Pouilles, le talon de la Botte.
D'autres, qui ont pris la fuite, se retrouvent bloqués aux frontières, tels ces centaines de Tunisiens, bloqués à la gare de Vintimille et systématiquement refoulés lorsqu'ils tentent d'entrer en France.
Rome brasse de l'air
L'Italie n'a cessé ces dernières semaines de réclamer, pour l'instant en vain, l'aide de l'Union européenne. Les tensions sont montées, notamment avec la France, qui a par ailleurs annoncé mercredi soir de son côté un nouveau tour de vis sur l'immigration, et que Rome ne juge pas suffisamment «solidaire».
Vendredi, le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, est attendu à Rome, pour, selon M. Maroni, «définir un système d'intervention commune afin que France et Italie puissent impliquer tous les pays de l'Union européenne».
Outre ces permis temporaires, l'Italie a promis à la Tunisie une coopération accrue dans la lutte contre l'immigration mais aussi pour son développement à des fins de «prévention». En échange, Tunis est censé mieux contrôler son littoral et accepter le retour immédiat des immigrés arrivant en Italie après la conclusion de cet accord.
L'Europe tarde à agir
M. Maroni a une nouvelle fois invité l'Union européenne à développer sa coopération avec le Sud. Mercredi, Cécilia Malmström, commissaire chargée de l'Immigration, a adressé une lettre aux Etats dans laquelle elle énumère une série d'actions possibles, notamment un renforcement des moyens d'action de Frontex, l'agence européenne chargée des frontières extérieures de l'UE, et un partenariat avec la Tunisie.
En attendant, l'afflux de migrants en Italie se poursuit. Non seulement de Tunisie, mais aussi de Libye où le régime de Mouammar Kadhafi a cessé de bloquer les portes de l'exil pour des milliers d'Africains.
L'essentiel Online / (afp)
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