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Vendredi, 22 Avril 2011 12:00

Boue toxique en Hongrie Des villages toujours rouges de boue

Boue toxique en Hongrie Des villages toujours rouges de boue

«L'inondation a touché une vingtaine de rues ici. À partir du réservoir qui a cédé, la boue a atteint le village en vingt minutes», a raconté un employé de l'organisme qui gère les réparations dans la zone touchée par l'accident. Un peu plus loin, la démolition a déjà eu lieu, laissant des tas de gravats là où se dressaient des maisons. Les yeux de Piroska Nyoma se remplissent de larmes: «Je savais que ma maison n'existait plus». «Mais, c'est une chose de le savoir et une autre de le voir avec ses propres yeux», dit cette femme d'une cinquantaine d'années.

Dix personnes sont mortes le 4 octobre 2010, lorsqu'un réservoir fissuré de l'usine de bauxite-aluminium d'Ajka, à 160 km à l'ouest de Budapest, s'est rompu, déversant près de 700'000 m3 de boue rouge toxique sur un territoire d'une dizaine de km2. La boue toxique, très alcaline, a pollué les eaux des alentours, jusqu'au Danube, l'un des plus grands fleuves européens, provoquant le plus grave accident industriel et écologique de l'histoire du pays. L'état d'urgence reste en vigueur jusqu'au 30 juin. Pendant trois mois, trois villages de quelque 8 000 habitants ont été interdits d'accès.

Faune toujours absente de la région

«Cela a marqué l'économie: le chômage a atteint 20%» à cause des commerces qui ont mis la clé sous la porte, dit le maire de Devecser, Tamas Toldi. L'unique restaurant de la ville accueille désormais les ouvriers des travaux de nettoyage et de reconstruction. Pour l'instant, 102 des 261 maisons inondées ont été démolies, selon le chef de chantier, Arpad Muhoray. Un volume de 480 000 m3 de terre a été nettoyé et déversé dans des réservoirs, a-t-il dit. Ces terres qui doivent être recouvertes, seront réutilisées mais à certaines conditions.

Il est dores et déjà «interdit de cultiver (avec cette terre) des plantes pour la consommation pendant les dix prochaines années, nous pensons plutôt semer des plantes industrielles pour des énergies alternatives», pour faire du bioéthanol par exemple, a précisé le maire. La faune est toujours absente dans la région dévastée par la boue rouge toxique, selon l'Organisation non-gouvernementale (ONG) World Wildlife Fund (WWF). Mais les arbres portent déjà des bourgeons verts, qui contrastent avec les troncs encore rouges.

«Les gens partent parce qu'ils ont peur pour leurs enfants»

Le gouvernement estime le montant des travaux de nettoyage et de reconstruction des nouveaux logements à 80 millions d'euros, mais la question de la responsabilité de l'accident industriel n'est toujours pas réglée. La société MAL, propriétaire de l'usine de bauxite, n'est pas seule mise en cause: les experts pointent du doigt les différentes lacunes des autorités - environnement, construction, mines - concernant l'octroi des divers permis de l'usine.

Quelque 1 500 habitants ont demandé dans une pétition au gouvernement de nouvelles études menées par «des laboratoires étrangers indépendants» sur les conséquences à long terme de l'exposition à la boue toxique. «On veut savoir comment cette pollution omniprésente va nous affecter», a dit leur porte-parole, Janos Almasi, un maçon de 37 ans, tout en admettant que la construction de nouvelles maisons était une bonne chose. «Les gens partent parce qu'ils ont peur pour leurs enfants», a-t-il déploré.

(L'essentiel Online/AFP)

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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