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Mardi, 03 Mai 2011 07:00

Mort de Ben Laden «Qu'on nous montre le corps!»

Mort de Ben Laden «Qu'on nous montre le corps!»

«Qu'on nous montre le corps!» Encore sous le choc, les habitants d'Abbottabad n'ont pas tardé à émettre des doutes sur la présence et la mort d'Oussama Ben Laden chez eux lundi et à dénoncer, comme souvent au Pakistan, une «mise en scène américaine». Cela fait près de quinze heures que ce policier fait le pied de grue au bord du champ de haricots et de pommes de terre, chargé de refouler les curieux hors de la dernière demeure de Ben Laden, bouclée par des dizaines de soldats.

Et pourtant, lui-même ne croit pas à la mort du chef d'Al Qaïda. «Nous n'avons rien vu. On nous a dit de venir à trois heures du matin, mais l'opération était déjà terminée», explique-t-il en montrant la grande bâtisse entourée de hauts murs de béton qui trône à 400 mètres de là.

«Nous n'avons jamais vu aucun Arabe ici»

Dans la matinée, les habitants d'Abbottabad s'étaient à leur réveil subitement retrouvés au centre de l'attention de la planète entière, après que Washington eut soudain annoncé que Ben Laden avait été débusqué et tué dans la nuit au cours d'un raid américain sur cette maison du quartier de Bilal Town. Dans cette charmante cité de montagne épargnée par les violences ces dix dernières années, quand le reste du Pakistan était meurtri par innombrables attentats, et dans une société toujours prompte à échafauder des théories du complot, a fortiori américain, la surprise a vite fait place au doute.

Bashir Qureshi, un retraité de 61 ans, est assis avec son petit- fils dans les bras sur le pas de la porte de sa maison située à quelques centaines de mètres du refuge du chef d'Al-Qaïda. Il sourit à l'évocation de l'opération. Ses vitres ont explosé au cours du raid nocturne américain, marqué par la chute d'un hélicoptère non loin. Mais cela ne l'empêche pas de crier au complot. «Personne n'y croit. Nous n'avons jamais vu aucun Arabe ici», assure-t-il.

«C'est juste une mise en scène américaine»

La présence du chef d'Al Qaïda, que l'on imaginait plutôt au fond d'un inaccessible village des zones tribales du nord-ouest, y semble d'autant plus incongrue qu'à moins de deux kilomètres, l'armée pakistanaise forme chaque année des milliers de jeunes recrues à l'académie militaire Kakul. «Ben Laden vivait près de Kakul, et des services de renseignement? Je n'y crois pas. C'est une mise en scène organisée par les Etats-Unis, avec la complicité du gouvernement pakistanais», clame Nihmatullah, un ingénieur.

Et dans l'après-midi, l'annonce de Washington de l'immersion du corps du chef d'Al-Qaïda en mer d'Oman par l'armée américaine, conjuguée à l'absence de preuves de sa mort, a donné encore plus de grain à moudre aux incrédules, même les plus éduqués, chacun y allant de sa théorie. «S'il est mort, pourquoi ne montrent-ils pas son cadavre? C'est juste une mise en scène américaine», assène Shakeel Ahmad, un pharmacien de Bilal Town. «Ils ont déjà annoncé sa mort plusieurs fois, combien a-t-il de vies?», ironise de son côté Waseem Iqbal, qui travaille dans l'immobilier, appuyé sur sa moto.

Comme nombre d'autres habitants du quartier, il considère que les États-Unis ont organisé l'opération dans cette ville-garnison «pour discréditer l'armée pakistanaise». «Les États-Unis veulent quitter l'Afghanistan. Ils affirment qu'Oussama est mort, comme ça ils ont une excuse pour partir», avance de son côté Shakil Ahmed, employé dans une société pharmaceutique. «Tout cela, c'est juste un jeu», renchérit Atahullah Shah, un étudiant de 17 ans en jean et baskets. Selon lui, «Obama a fait ça exprès, juste avant le 10e anniversaire du 11 septembre, et pour gagner les prochaines élections».

(L'essentiel Online/AFP)

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