«Un homme autoritaire, pour qui les autres n’existaient pas, et qui imposait mille règles à son entourage»… Pour la première fois, Irina Lucidi, la mère d’Alessia et Livia, 6 ans, disparues le 3 février dernier, a accepté de parler de son mari et de sa vie de couple à la presse. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire italien Oggi, elle raconte comment son mariage a tourné au cauchemar et tente d’expliquer ce qui a pu pousser Matthias S. à enlever ses fillettes, les faire disparaître et se jeter ensuite sous un train en Italie.
Pour Irina Lucidi, le geste de son ex-époux n’avait qu’un objectif: «Il voulait me culpabiliser», assure-t-elle. «Pour lui je n’existais pas, mais quand il a compris que je ne reviendrais pas, il a imaginé cette punition extrême. Aujourd’hui je veux comprendre comment il a procédé. Un jour, j’espère bientôt, nous le découvrirons»…. Et de poursuivre: «Toutes les variantes du voyage qu’aurait pu accomplir Matthias ont été reconstituées. On y va par exclusion. Au départ, nous avions une trentaine de possibilités, aujourd’hui il en reste peu de valables. J’ai confiance.»
Climat familial détérioré
Irina Lucidi se souvient de ses premières années de couple et de la naissance des jumelles comme des moments heureux. Mais en 2007, après l’emménagement de la famille à Saint-Sulpice en Suisse, les premières incompréhensions sont apparues. Peu à peu, le climat familial s’est détérioré, le couple s’est enfoncé dans une crise qui a abouti à une séparation, en août 2010. «Pour Matthias, l’autre n’avait pas d’identité propre. C’était un pion qui devait faire ce qu’il exigeait. Un de nos points de divergences était l’éducation d’Alessia et Livia. Il avait tout réglementé. Ouvrir le frigo, manger, jouer, chaque acte de la vie quotidienne devait être effectué selon un certain schéma.»
«Le soir, c’était le pire moment», ajoute-t-elle. «On ne pouvait rien faire, car c’était lui qui régentait tout. On devait manger à 7 heures, ensuite se laver, se mettre en pyjama, regarder un peu la télévision, aller au lit, raconter une histoire aux filles, et à 9 heures éteindre la lumière. Et gare à qui voulait modifier ce scénario.»
Irina Lucidi comprend encore moins le geste Matthias S. qu’elle ne l’a jamais empêché de garder le contact avec ses filles. «Il pouvait les voir quand il voulait», assure Irina. «A Noël, je l’ai laissé partir trois semaines avec elles aux Caraïbes. Il était le père de mes enfants. Elles voulaient voir leur papa, elles l’aimaient.»
(L'essentiel Online/spi)
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