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Jeudi, 21 Juillet 2011 12:00

Neuf points pour comprendre Le Luxembourg ne sera plus riche et prospère

Neuf points pour comprendre Le Luxembourg ne sera plus riche et prospère

1. Que se passe-t-il actuellement sur les marchés financiers?

Après la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, ce sont les poids lourds économiques qui sont concernés par la crise, comme l’Italie, (un huitième du PIB de la zone euro). L’essentiel Online a contacté un expert du secteur financier au Luxembourg, qui souhaite rester anonyme. Ce dernier rappelle que tout l’engrenage en cours et à venir provient de la dette grecque. «Les marchés sont l’expression des investisseurs qui achètent ou vendent. Et ces derniers pensent tous que la Grèce ne va pas pouvoir rembourser. C’est une réalité, elle va être étranglée par la dette et le taux d’intérêt des obligations est diminué».

2. La situation est-elle sans retour?

Il existe un scénario extrême, explique l’expert financier, qui se produira si la Grèce se retrouve officiellement en défaut. «Tous les prêteurs n’auront pas de remboursements, ce qui entraînera la faillite des banques, surtout dans les pays en crise. Les États auront alors à sauver leurs banques, ce qui sera impossible sans l’aide des autres pays. Au final, nous pouvons avoir une fusion totale du monde financier». Pessimiste, n’est-ce pas? «C’est comme la terreur nucléaire USA/URSS. Les gens ont tellement peur de la crise que tout le monde va faire le maximum pour sortir la Grèce». Par contre, «si des pays comme l’Espagne ou l’Italie sont en faillite, ce serait plus compliqué. Personne ne pourrait les sauver et l’Europe chuterait».

3. D’accord, mais qu’est-ce que ça change, pour moi?

Le Luxembourg va «relativement bien», confirme l’expert luxembourgeois. Comme l’Allemagne, le pays profite de la relance de la crise de 2008. «Mais nous faisons partie d’une Europe endettée et qui n’est plus en croissance face aux nouvelles puissances (Russie, Brésil, Chine, Inde)». Tôt ou tard, le pays et ses habitants devront donc se serrer la ceinture. «À moyen terme, le Luxembourg, habitué à être un riche pays sur un riche continent, ne va pas croître». Que cela va-t-il changer? «Il faudra réformer le système des pensions, les finances publiques, sûrement augmenter les impôts et non les salaires, faire tomber l’indexation. Nous ne serons pas épargnés».

4. L’économie luxembourgeoise est-elle réellement en danger?

Dans le cas extrême, explique l’expert, «plus une pierre ne serait debout en Europe». Mais dans la situation actuelle, le Grand-Duché peut encore souffler. «Le Luxembourg est dans la catégorie des pays les moins en danger car les moins endettés. La cote de crédibilité est haute». Et surtout, les banques n’ont pas beaucoup d’exposition avec la Grèce.

5. L’euro est-il menacé par rapport au dollar?

L’euro est considéré comme fort aujourd’hui par rapport au dollar. «En réalité, c'est parce que le dollar est aussi très faible. Mais il y a encore pire, le yen, la troisième monnaie mondiale est encore plus endettée que les deux autres». Bref, des trois, l’euro est «le moins pire». Grâce à «la crédibilité de l’Allemagne», qui tient tout à bout de bras. «Le Luxembourg aussi est crédible, mais il faut l’avouer: c’est un nain sur la scène européenne. L’Allemagne est grande et forte à la fois».

6. Peut-on faire sauver la situation?

Oui. L’aide à la Grèce est finalement très simple. «C’est un poids léger en Europe, seulement 2% de la puissance économique. Ce qui est compliqué, c'est l’accord politique». En effet, il faut convaincre tout un pays du bien-fondé de sauver un autre État avec ses propres deniers.

7. Comment va faire l'Europe?

Selon l’expert financier, les possibilités sont multiples mais toutes complexes. Par exemple, l’Europe pourrait «donner des garanties supplémentaires plus élevés à la Grèce pour faire durer le plaisir jusqu’à la prochaine échéance». Une stratégie peu probable. «La Grèce pourrait également ne pas avoir à tout payer car les créanciers (banques, assurances et fonds de pensions) renonceraient à récupérer 100% de la valeur». Plus probablement, les autres États pourraient «mettre ensemble de l’argent pour racheter les titres de la dette dévalorisés. La Grèce n’aurait alors qu’à rembourser le reste».

8. Où dois-je investir mes économies pour qu’elles soient sûres?

Dans tous les cas, plus c’est risqué, plus il y a du rendement, rappelle l’expert luxembourgeois. Donc «si vous voulez que ce soit sûr, il ne faut prendre aucun risque, et placer par exemple en Allemagne. Vous reverrez votre argent, mais le rendement sera sous le taux d’inflation du Luxembourg». Dans tous les cas, les banques conseillent de ne pas placer «tout au même endroit, ce qui permet de faire un mix entre le rendement et la sécurité».

9. Comment puis-je profiter de la crise?

À l'inverse de la question précédente, il ne vous reste donc qu’à placer vos économies et vos investissements en Grèce. «Comme tous les pays vont sans doute se démener pour la sortir de sa crise, vous allez y gagner». Et ainsi, vous ferez partie des «vilains spéculateurs» qui ont profité de la crise.

Jonathan Vaucher/L'essentiel Online avec Jmh

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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