«J'ai décidé de tout dire. Et je le fais avant tout pour moi.» Emma Martinovic, 18 ans, a vécu l'expérience la plus traumatisante de sa vie. Elle était, comme ses camarades, sur l'île d'Utoya pendant la fusillade. Aujourd'hui, elle se livre dans un blog.
Attentats de Norvège«Nous étions tous rassemblés dans la salle de l'île. Nous parlions de l'explosion tragique qui avait eu lieu quelques heures plus tôt au centre d'Oslo», raconte la jeune femme. «Puis, j'ai d'abord entendu un coup de feu, suivi de beaucoup d'autres. Ma copine Åse et moi nous sommes enfuies en courant vers la rive. Elle pleurait».
«Il riait en tirant sur les gens ce salaud»
Emma a essayé de contacter la police, sans succès. «J'ai ensuite envoyé un SMS à notre leader, pour savoir quoi faire, poursuit la jeune fille. En réponse, deux mots seulement: «Nage, loin». Avant d'entrer dans l'eau, j'ai envoyé un SMS à ma mère, mon père, mon frère et mon meilleur ami Robin. L'eau était glaciale. Des corps sans vie y flottaient déjà. Je me suis retournée côté île. C'est là que je l'ai vu pour la première fois».
«Ce salaud était dans un uniforme de police. Il riait, ce bâtard, alors qu'il tirait sur des gens juste devant moi. Il y avait du sang partout. J'ai vu une tête exploser, comme si elle s'était déchirée en deux», poursuit Emma. Puis la panique a pris le dessus. La jeune femme respirait trop vite, elle avalait de l'eau. Pour tenir le coup, elle s'est alors dit: «Nage pour maman, pour papa, pour ton frère et pour Robin, ils comptent sur toi!»
«J'ai toujours pensé que les policiers étaient gentils»
«Dans l'eau à mes côtés, un petit garçon nageait péniblement. Je l'ai encouragé. Il m'a dit que son père était mort. Je lui ai répondu qu'il fallait qu'il nage, qu'il ne fallait pas regarder en arrière, qu'il allait y arriver. Mais j'ai fondu en larmes quand le petit m'a dit: «J'ai toujours pensé que les policiers étaient gentils...»
«Ensuite, j'ai entendu un bateau. Au début, j'ai pensé que c'était encore un coup du bâtard. Je n'avais plus confiance en personne. Mais un homme sur le bateau m'a tirée sur la barque et m'a dit que j'étais en sécurité maintenant». C'était des policiers. Des vrais, cette fois. «Le petit garçon, Åse et moi avons pu rentrer».
La famille d'Emma folle de joie
Une fois à l'hôpital, il a été établi qu'Emma avait été touchée par une balle à la main. «J'ai eu de la chance, car l'eau a dû freiner la balle avant qu'elle ne me touche», explique-t-elle à la télévision norvégienne. Dzemal Martinovic, le père d'Emma, est fou de joie d'avoir son enfant vivant et en bonne santé. Il a «une pensée pour toutes les familles qui n'ont pas eu sa chance».
La vidéo d'une intervention d'Emma devant son parti:
(L'essentiel Online/frb)
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