Pour réduire la fracture numérique, la France prépare l’instauration d’un tarif social Internet. On le sait, cette proposition ne convainc pas, notamment à cause de son prix jugé trop élevé (23 euros par mois pour le téléphone et l’accès à Internet en illimité et la location de la box) et du fait qu’elle soit uniquement accessible aux bénéficiaires du RSA. Mais les limites de ce projet paraissent encore plus flagrantes lorsque l’on s’intéresse à des initiatives plus globales menées dans d’autres pays.
En effet, la semaine dernière, lors de la dernière Clinton Global Initiative, Microsoft a annoncé la mise en place, aux Etats-Unis, d’une opération à grande échelle visant à réduire les inégalités économiques et sociales issues de la fracture numérique. Ce programme, sobrement baptisé Shape the Future, vise à apporter l’accès à Internet, à des équipements informatiques et à des logiciels à près d’un million d’étudiants américains en provenance de familles à faibles revenus.
A vrai dire, ce programme existe déjà depuis plusieurs années et a permis à près de 6 millions d’étudiants de 42 pays différents (notamment la Géorgie, les Philippines, le Koweït, le Brésil et le Royaume-Uni) de bénéficier d’un accès au numérique. Microsoft a annoncé son extension aux Etats-Unis il y a quelques jours seulement.
Anthony Salcito, vice président de Microsoft Worldwide Public Sector, affirme dans une interview donnée à Forbes :
« Shape the Future vise à réduire les écarts d’accès à la technologie afin de donner aux étudiants exclus du monde numérique les compétences nécessaires pour être compétitifs sur le marché global, accroître leurs perspectives d’emploi et contribuer à la relance économique [...]. Nous continuons à poursuivre notre engagement de longue date, car nous sommes convaincus qu’une éducation de qualité est un droit pour tous, et non un privilège pour certains. »
Microsoft a bien entendu l’intention de travailler en étroite collaboration avec les 50 états américains, mais également d’autres partenaires. L’entreprise a notamment cité la Federal Communications Commission (FCC), le Network for Teaching Entrepreneurship (NFTE) ainsi que l’ONG One Economy, mais précise que ces alliances sont susceptibles de changer à l’échelle locale.
Cette annonce est d’autant plus importante que la fracture numérique aux Etats-Unis est particulièrement prononcée : actuellement, près de 10 millions d’étudiants ne possèdent pas d’accès à Internet. Cela a bien sûr des conséquences directes sur leur avenir (moins de chances d’obtenir un diplôme) mais représenterait également un coût colossal pour l’économie américaine. En effet, selon The Arnold Group, la fracture numérique entraînerait un manque à gagner de près de 32 milliards de dollars par an (opportunités de travail moins bonnes donc perte de revenus potentiels, perte de taxes, manque d’informations entraînant une couverture sociale et un système de santé moins efficaces, etc).
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